Nino Ferrer, La maison près de la fontaine
La fontaine : chez nous, on disait le bassin, et on devait le poutzer tous les samedis après-midi, à la brosse métallique selon la grand-mère, au balai selon le grand-père.
La vigne : chez nous, elle n’était pas vierge, on goûtait les raisins à la bénichon, avec les bricelets et les cuquettes.
Le vieux noyer : il n’est pas dans la chanson, mais il était le but de toutes nos courses folles.
Tout ce qui donna dans un jadis si proche du sens à nos vies villageoises tend à se noyer sous le béton, sans oignons et sans vin cuit quand vêlaient les génisses enfin devenues vaches. Plus de vigne et plus de noyer, plus de silence, mais deux immeubles, dix-huit appartements dans un pré où s’ébattaient hier encore deux fiers chevaux aujourd’hui chassés comme de vulgaires canards. Le progrès ? S’il est un mot à bannir, c’est bien celui-là : rien n’a fait autant régresser l’humanité que le progrès. Que reste-t-il de nos amours ? Des fenêtres voisines, derrière la voix éteinte comme un vieux cigare de l’oncle qui gueulait à pleins poumons, s’envole encore un air de trompette presque aussi délicieux que celui de la chanson.
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A propos
Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.
Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.
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