Blog suisse de littérature

Ailleurs : au bistrot et partout

Les mots parfois se font vagabonds. Cette écriture d'ailleurs prend ici deux formes, la première tente de retranscrire les multiples ambiances de ces lieux si particuliers que sont les bistrots, la seconde prend quelques notes un peu partout, au hasard de mes escapades.

Vincent Francey

La S30 de 9h24 à destination de Fribourg aura un retard d’environ – une pause – douze minutes. Prendre la voiture ? Cette situation est due à un problème technique. Attendre. Les passagers – c’est toi – à destination de Grolley, Belfaux CFF, Givisiez, Fribourg – c’est bien toi – sont priés de – tu n’as pas compris – la S30 de 9h34 à destination d’Yverdon-les-Bains – ce n’est pas toi – aura un retard d’environ – forcément puisque le train d’avant – douze minutes. Cette situation est due à…

Vincent Francey

Le car est arrêté au milieu de nulle part. Négociations, menaces, bakchichs. On attend. Puisqu’on est arrêté, on prend des notes : trois poteaux, quelques maisons basses, des fils électriques, des canettes vides, des déchets au bord de la route. Aucun être humain, semble-t-il, mis à part ces deux flics. La peinture, jaune, a été refaite, le toit est neuf, il fait beau temps, le ciel est tacheté de nuages blancs, c’est un ciel ordinaire, le même qu’ailleurs, mais la terre est rouge, de ce rouge…

Vincent Francey

Un rayon de soleil pris dans le pli du rideau, des salissures sur la vitre, un peu de neige sur le bosquet, une échelle à l’horizontale, un toit, des branchages, un ciel laiteux, l’en-dehors petit à petit devenu plus clair, la neige s’apprête à fondre, un fil de toile d’araignée, le jeu vague du rideau qui bouge à peine – peut-être ce rien n’était-il qu’un oiseau – et lentement le dedans qui revient, le gond d’une porte d’armoire, une poignée, des nœuds dans la boiserie, toi. Tu es debout, tu…

Vincent Francey

Faire le mur, le refaire ainsi qu’il fut, en fond d’écran, derrière le buste parlant. La pierre est fausse, froide, elle est douce aussi, elle obsède. Tons dans les gris-beige, monotonie, un début d’ennui puis on débordera du cadre, on ajoutera du bois noueux et des griffes sur le parquet, de la poussière dans les coins, du moisi sur le crépi. De l’autre côté de la toile, un autre cadre, des lumières découpées en carreaux variés, petits paquets de ville que la vitre atténue, il suffirait de…

Vincent Francey

Un cheval vert tirant sur le bleu sorti de la cave, on s’y glissait comme dans une robe de bois, deux bretelles sur les épaules, puis c’était le défilé, les applaudissements, des sons cuivrés par devant, des sons boisés par derrière, zizanie de bugles, d’euphoniums, de trombones à coulisse, de saxophones, et nous, nous sommes les chevaux sortis du stand qui marchons vers la victoire et chacun envoie sa boule rouge, sa boule blanche, sa boule noire, pour qu’avancent les petits chevaux du Tirage,…

Vincent Francey

14 février 2021. Prendre la route. Il fait froid, il fait seul, prendre l’air, rouler vers l’ouest, s’arrêter arbitrairement quand surgira la voix de Georges Brassens. Brel pour commencer, route de Payerne, mon père disait c’est le vent du nord, la bise, la température à -5° sur le tableau de bord, on ne s’arrêtera peut-être pas, est-ce que cela a un sens de s’en aller comme ça, seul au volant de sa voiture, un matin de Saint-Valentin ? Dans Payerne, Brel toujours, il y a tout, il y a l’amour et…

Vincent Francey

Vincent Francey

Un clocher, une grue, un silo ROTAVER et le long de la rivière noyers et peupliers.

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Villa "Au fil de l'eau" : robotondeur à rase-verdure.

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Fermes de ville, un petit homme vert, sa trompette et nous qui attendions le cortège sur un pont un dimanche de giron.

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Cachées, prêtes à bondir, les jeeps militaires. À quoi bon ?

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Et le son de l'eau si beau quand il fait chaud.

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Vélos, vélomoteurs, un cheval au pas, cette fille qui le guide. De temps en temps les…

Vincent Francey

Dans le quatrième épisode du vidéo-récit "Je reviendrai à Montagny", trois personnages mystérieux explorent un lieu qui ne l'est pas moins : le creux de la Chettaz.

 

Cette vidéo reprend un texte écrit lors de l'atelier d'été "Outils du roman" proposé par François Bon : www.tierslivre.net/spip/spip.php

Vincent Francey

Troisième épisode de mon vidéo-récit "Je reviendrai à Montagny", aux Roches, au-dessus de Montagny-la-Ville, une réflexion sur les noms d'ici et d'ailleurs, inspirée par la proposition #6 de l'atelier d'été 2020 de François Bon : www.tierslivre.net/spip/spip.php

Vincent Francey

Voici le deuxième épisode des récits vidéo liées à mon retour dans ma commune d'origine de Montagny, dans le canton de Fribourg. On y entend la célèbre chanson de Montagny et la vieille tour de Montagny, un choeur de dames de l'abbé Bovet, par l'Ensemble vocal Chorège, sous la direction d'Hugo Stern.

Vincent Francey

Mousse sur la souche, chants d'oiseaux et de vent (ma famille de forêt), une bouteille de bière remplie d'eau de pluie.

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Il faut réserver puis venir puis rire puis nettoyer.

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Entrer plus profond dans le bois, s'y blottir, ne pas réagir quand le compteur crie brûlée la soupe. On a retrouvé un squelette d'enfant accroché à un tronc.

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Je me souviens qu'a eu lieu ici un accident de balançoire.

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Puisse un jour la forêt effacer ces papiers colorés.

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Des…

Vincent Francey

Béton-Landi, cheminée de forêt.

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Des maisons qui ne sont que des toits.

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Blé bleu.

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Le vent, les oiseaux, la route, un caillou. Seulement ça.

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L’antenne verte, camouflée, se contrefout des branches qui balancent.

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Parcours bleu, parcours jaune, on mesure quoi quand on court ? On se mesure à quoi ? à qui ?

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Par terre : mégots, racines, camomille, pives, plumes, bitume. Puis le heurt du coureur.

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Ciel gris : ne pas l’écrire.

Vincent Francey

Le serveur de ménage passe la poussière sur les couveuses à lampes. Une noiraude a trouvé un moyen de larguer le lourdaud qui la talonne. Une copine à l’autre bout du fil sans fil prétend en rigolant que son père est mort et qu’elle a dû piquer son chien. Je suis désolée, dit la noiraude. Pour le chien. Le mec ne dit rien. Il accuse le coup. Je suis désolée, répète-t-elle. Oui, pour le père aussi, bien sûr, pour le père aussi. Le mec ne dit rien. Ça me fait trop mal au cœur, ajoute-t-elle. Une…

Vincent Francey

Boîte à livres : ruclon à Bibliothèque verte et à Sélection du Reader digest.

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Des cœurs et Sarah, Marilyne, Valérie et le cri de la fontaine et l'égosillement des oiseaux et un message à la population quant à l'élimination des déchets et le calendrier des consultations puériculture et deux cendriers rouges : décor de théâtre avec personnages absents d'adolescentes confinées.

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Deux mots en majuscule : PRIVÉ et ANUS, loin l'un de l'autre.

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Le clocher – un aboiement –…

Vincent Francey

Un jour, elle est à l’assurance à soixante pour cent, le lendemain à trente, la semaine suivante, elle ne vient que le mardi de onze heures à quatorze heures, comment voulez-vous ? Décidément, le personnel, de nos jours, on peut plus compter dessus, on s’en sort plus et par-dessus le marché t’as les assurances, les médecins, les petits jeunes qui viennent à la carte, ceux qui se cassent le bras ou la tête, ça n’arrête pas. On devrait pas badiner. Tu veux pas bosser ? Congé, terminé, basta. La…

Vincent Francey

Deux millénaires puis : Zumwald Transports, Landi, Nespresso.

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Chanson sourde d’autoroute et les oiseaux s’égosillent.

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Des grappes de villages à deviner : Saint-Aubin, Missy, Villars-le-Grand.

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Terrain de foot interdit, sauf aux tondeuses.

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Noirceur de la terre : promesse de couleurs.

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La Promenade des 2000 ans a été baptisée le 22 mai 2015 par le Conseiller fédéral Alain Berset aussi lentement que possible et aussi lentement que nécessaire (les…

Vincent Francey

C’est pas l’homme qui fait la vallée… C’est l’homme qui refait la vallée, qui terrasse la falaise effondrée et qui dompte le dragon d’eau. Et c’est la femme qui nettoie les restes des hommes de midi et qui sourit aux trois vieilles batoilles qui s’éternisent et qui ferme les parasols au fur et à mesure que le soleil se cache et c’est toujours la femme qui sert de la bière de soif aux promeneurs du dimanche, mais c’est jeudi et les vieilles, qui ne savent plus quoi se raconter, s’en vont. Seul…

Vincent Francey

Cri frissonnant d’un animal, de milliers d’animaux en chœur, chant strident sur basse tronçonneuse, bourdons et grincements d’oiseaux, clapotis, insectes, grillage vibrant à la ferme d’à côté.

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Paradis pour l’œil scrutateur. Le mien se contente de noter au hasard : cumulus dans l’eau, un oiseau noir – une poule d’eau ? – mais les sons sont trop étranges pour que l’œil réussisse à voir. Il y a eu je crois une grenouille puis ça a klaxonné au loin. Il y a eu aussi, tout près, une abeille.…

Vincent Francey

Il faudrait, se sont-ils dit, recréer le jardin d’antan, vous savez, celui du paradis, celui d’Adam, celui d’Eve née de sa côte, celui du serpent tentateur, du pommier et du tournesol, celui d’un temps sans mauvaises herbes ni mauvaises graines, vous savez, l’époque des barbus à vélo et des chevelus nonchalants. Vous vous souvenez, c’était avant l’anthropocène, avant la fission nucléaire, avant le capitalisme carnassier. Dans un premier temps, rêvent-ils, il faudrait que les gens restent…

Vincent Francey

La solitude n’est supportable qu’en forêt.

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Chant de chute d’eau et de coucou parmi ce qui pépie.

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Anémones, primevères, pâquerettes, c’est la saison où tu sais le nom des fleurs.

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Graver dans la molasse des signes d’absence qui nous survivront.

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Cette envie de caresser la mousse aux souches des foyards.

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C’était le chemin de la marche de Tours. Je n’ai pas retrouvé les médailles en déménageant. Il y avait une ville par année. J’ai eu Rome, Madrid,…

Vincent Francey

En deux mois, t’es dans la caisse. Les ouvriers sont joyeux ce matin. Cancer foudroyant. Toi, t’as pas une pompeuse vibreuse ? Lui prêtera-t-il celle à ruban ? Vu le double-mètre et les stylos dans la poche, on peut lui faire confiance, il connaît le métier. Le plus compliqué, c’est encore de la nettoyer, non ? Le problème, c’est qu’elle devient dure. Mais en demi-heure, c’est bon. La scie circulaire aussi, ça marche bien. Avec une cloche de huitante, ça peut aller, mais des fois, il faut du…

Vincent Francey

Quand l'ici devient ailleurs et l'ailleurs ici.

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Confiné à double.

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Les choses : encombrante carapace.

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Quel est le plus difficile ? Vider ou remplir ?

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La tête qui déménage déborde de cartons, de babioles, de paperasses, d'insomnies.

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Dans déménager, il y a nager. Impression de milieu d'océan. Dans déménager, il y a se noyer.

Vincent Francey

Option musique tente de lutter contre les renvois gazeux du réfrigérateur. Une dame de service range des tasses. Sinon, rien. Jour férié. Des bricelets maison, des tubes de colle UHU, des sucettes Chupa Chups, la voix d’Ema ou d’Amandine – Shazam hésite –, des poires jaunes à 3.50, des mugs à vache, un bras fripé où bout duquel gigote une patte à vaisselle, un client moustachu venu chercher son pain en calosse de bain, le reflet d’un cycliste qui pousse son vélo, d’autres clients hésitants,…

Vincent Francey

Ultime refuge : la forêt

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Chants d'oiseaux et de moteurs : pas encore assez loin.

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Diminuer la rumeur de la civilisation, tendre vers la contemplation. Pourquoi faut-il une pandémie pour cela, si simple ?

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Un ticket de caisse sur un chemin et mes mains blessées d'être trop lavées.

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Plus personne pour se rendre compte que voilà bientôt le printemps.

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Passent deux vélos : chacun s'éparpille comme il peut.

Vincent Francey

Le serveur est tout confus de voir s’envoler Le Corbusier. Un drogué aux bras pansés crache par terre. La serveuse de la concurrence promène ses cheveux roses sur les tables noires où elle dispose avec amour – c’est bien une serveuse, pas une dame du service – fourchettes et couteaux. Un dos bronzé commande un café. Une queue de cheval bruyante rigole à vélo. Un pigeon atterrit. Trois moineaux picorent les restes du petit déjeuner. Un monsieur à cornets en plastique cherche sa femme. La serveuse…

Vincent Francey

Depuis la porte : 2m. Mur salon : 145 de haut. Chambre : 2,75 sur 3 (attention à la cheminée). Mesurer sa vie future et se souvenir qu'on était nul en géométrie.

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Vue nouvelle : se réhabituer au Jura (s'il est près, c'est pour la pluie).

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Moins de moteurs, plus de vent.

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État des lieux : noter les ébréchures et les trous dans le mur.

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Retour à la campagne : ne pas encore habiter mais déjà connaître les voisins.

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Plus grande angoisse : combien de livre…

Vincent Francey

Le château de pierre reste immobile, imperturbable sous le ciel bleu. Il en a vu de toutes les couleurs, des ciels, le château de Grandson, depuis le bon vieux temps ; il en a vu des gris et des noirs, des rosés pour la vigne, des encore rouges du sang des Bourguignons. Même le Téméraire s’était brisé contre lui, il y a laissé son trésor, on en a piqué un peu, pas grand-chose, une commission, parce qu’on est en Suisse, voyez-vous et qu’on n’a rien sans rien. Maintenant, on fait payer l’entrée…

Vincent Francey

Livres en vitrine comme les coupes et les channes dans les bistrots. Institut d'études médiévales : livres en cage à ne pas manipuler. Institut d'études oecuméniques idem.

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Magnifier le savoir par la mocheté des canapés.

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Quel est ce bruit de vague ? Une photocopieuse géante ?

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La messe en si fermée sur la table basse, seul livre en liberté, livre magique avec dedans tant de caresses pour la voix et pour l'oreille et pour l'âme.

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La lumière s'est éteinte. Elle…

Vincent Francey

Le soleil s’est décidé à taper sur le ciboulot des couples à l’apéro. J’évite soigneusement le parasol, histoire de griller comme le grain moulu du café la semeuse que j’ingurgite. Deux ballons d’Yvorne ? demande la serveuse (disons plutôt la dame du service, voire pire, la vieille du service, si j’étais mal élevé). La vieille dame du service (puisqu’il faut couper la poire en deux) tutoie tous les autres vieux venus schwentzer la messe sur sa terrasse. Elle encaisse l’argent avec un plaisir…

Vincent Francey

Cabine : s'isoler du cri des enfants et des Suisses allemands.

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Stress où tu brasses et c'est écrit speed mais brasse-slow vieilles caniches tu fonces dedans.

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Myope à la piscine sous lunettes yeux de mouche : un monde flou de catelles, de jambes et d'éclaboussures.

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Odeurs : chlore contre corps. Préférer le chlore.

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On lance des cerceaux aux ados pour qu'ils touchent le fond. On les prends pour des otaries.

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Bouillon de pataugeoire : trop de viande. …

Vincent Francey

Drapeau du Québec et maillot dragon, la déco est glaciale. Des casquettes pendouillent, sous les ordres d’un attrape-rêve qui n’attrape que la poussière. Une voix trafiquée par bidouillage électronicien geint dans des boîtes noires qui causent aux casquettes. Puis c’est l’heure de la publicité, pour des matelas, parce qu’en effet, on rêve – rêve poussiéreux s’il en est – de retourner se coucher. La dame du service – serveuse est un mot qui n’a d’intérêt que si la dame est mignonne – se tire un…

Chansons insipides chansons de parkings que ne rompent pas les bruits de moteurs.

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Colonne enjolivées à leurs pieds par du noir de pneus.

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Trains de caddys en grève.

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L'alignement des gris dans des prisons peintes.

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Et cette voix fade qui endort déjà l'acheteur.

Vincent Francey

C’est le branle-bas de combat et de chaises. Les Suisses contre les Espagnols, les bouffeurs de viande froide contre les buveurs de Coca-Cola. Tous, au détriment du solitaire à qui l’on hésite à piquer sa chaise, trouvent un endroit pour poser leur cul, même les gamins et les estropiés. C’est bientôt la guerre mondiale, affirme une Suissesse. Pas contre les Espagnols, non, eux, ils sont polis. Ils parlent un peu fort, d’accord, mais ils ne font de mal à personne, sauf aux touristes, mais bon,…

Vincent Francey

La route droite que raccourcit le brouillard.

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Fermé : une pompe seule continue à pomper.

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Givre sur les arbres morts. Seule forme de vie : les voitures.

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Un camion décoré, sans sa remorque. Noël se meurt à l'an nouveau.

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Froid dans les mains : écriture sans chaleur.

Vincent Francey

2x1, 1x2, 1x3 : le serveur chauve donne ses ordres à la dame qui dispose sur les tables le poivre, le sel et le Maggi. Le serveur est un cadre sympathique, dévoué à son patron, sévère mais juste, il compte les sous comme personne, surtout ces nouveaux billets verts ou rouges ou jaunes que les sommelières trouvent trop épais, il rassure sa clientèle et reçoit des tapes amicales sur l’épaule de la part de la serveuse portugaise, qui n’ose pas s’avouer qu’elle est un peu amoureuse de lui. C’est un…

Vincent Francey

Cela s'appelle beau chemin : c'est vent, feuilles mortes, voiture qui passe. (pas de camion)

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Depuis combien d'années ce Christ et cette hydrante se font-ils face sans se parler ?

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Des banderoles Groupe e, des grincements, le vent qui redouble.

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Prière de l'hydrante : MANIPULATION INTERDITE hormis service du feu et personnes autorisées.

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Prière du Christ : j'ai soif. (aucune réaction de l'hydrante)

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Le vent chasse les feuilles mortes, comme le Christ. …

Vincent Francey

La pluie rêve-t-elle de Chine ? S’imagine-t-elle des dragons et des feux d’artifice pour la transpercer de chaleur ? Rêve-t-elle de déluges et de moussons plus exotiques ? Elle pleut, elle ne sait faire que ça, la pluie de chez nous, elle pleut et pas même elle pleure et elle reste désespérément douce. Quelques vieux Européens font comme si nous ne nous étions pas encore fait bouffer par les tigres de l’Empire du Milieu et comme si la victoire définitive de la Chine n’était pas déjà certaine…

Transpalette Fendt perclus d'arthrose, pneus de tracteur, remorques, ferraille, planches et tonneaux, objets à l'abandon qu'on pose en vrac par terre pour le plaisir de les regarder rouiller.

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Rails, fils électriques, portées de peinture blanche pour musique de vent et d'avion, faute de train.

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Serres, emballages-cadeaux pour terre.

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L'aiguille rouge de l'horloge fluide quand partout ailleurs ça bat la mesure.

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Et la voie de chemin de fer qui à la fin se cogne…

Vincent Francey

Erreur de casting, me voilà largement doyen d’âge. Peut-on s’arrêter au XXe quand on a plus de vingt ans ? Peut-on se dire en toute innocence que la serveuse est charmante quand on arrive sur le seuil des quarante balais ? Peut-on ne pas passer pour un vieux cochon venu mâter la midinette affairée sur l’ordinateur d’à côté ? Partout, des smartphones accaparent l’esprit des gamins qui s’ennuient. Partout, des barbus sans poils blancs sourient à des bières légères comme leur tête vide qui se…

Au bistrot

Ailleurs

A propos

Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.

Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.