Blog suisse de littérature

10 juin 2015

Disjoint. Journée mondiale de la déglingue. Tout de suite affluent les cochoncetés. D’un revers de main à la Wawrinka, balayons-les.

Je sens l’appel du repos. En effet, le prof, en juin, cherche à s’habituer aux grandes vacances, ces vestiges de l’enfance dans la course de l’adulte. Il écoute les voix enfin polies des élèves mis en examen, le voilà juge et partie. Bientôt parti. Il corrige quelques copies copieuses. Bientôt, la glandouille le reprendra, nécessaire et scandaleuse.

Les profs sont-ils des fainéants ? Bien sûr et il faut qu’ils le revendiquent, parce que la paresse est devenue résistance, parce que l’idéal d’oisiveté, si longtemps signe de supériorité, est devenu blasphème à l'encontre de la religion du travail-profit-course-à-l’abîme.

On débat en France de la suppression du latin. Encore la victoire du negotium sur l’otium, du marchand du temple sur le vagabond, du sprinteur sans cervelle sur l’homme qui prend le temps de se cultiver comme une bonne terre pas encore infectée par Monsanto.

Il faut vivre dans le présent, nous assène-t-on. Puis ils rajoutent : défendons notre culture contre les barbares. Mais la barbarie justement consiste à ne vivre que dans le présent, à oublier nos origines, à foncer la tête la première sans prendre d’autre recul que celui, trop tardif, de la crosse du fusil. La quête identitaire n’a jamais été aussi exigée et on ne nous a jamais donné aussi peu de moyens pour la réaliser. Puis on s’étonne que l’identité soit récupérée par les Blocher et les Le Pen, qui ne la voient que par le petit bout de la lorgnette, coincée entre un claqueur de fouet et Jeanne d’Arc statufiée, cocufiée et pucelle à la fois. On oublie que l’identité, si elle s’approfondit, s’étend à l’Europe entière, cet Empire Romain qu’on balance avec l’eau de la Méditerranée, bourrée désormais de plastique et de cadavres.

La peau de chagrin sans fin se rétrécit. Ne restera finalement d’elle que le chagrin :  « Il a le temps pour lui, il presse grain par grain, le chagrin. » (Allain Leprest, chanteur maudit).


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A propos

Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.

Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.