Blog suisse de littérature

12 mai 2015

Il fut un temps où l’on écrivait Nature avec une majuscule.

En ce temps-là, nous la violions déjà, mais elle survivait, force mystérieuse devant qui les poètes se taisaient.

La ville aujourd’hui dévore la verdure. L’homme émonde, immonde, les arbres qui le gênent. A côté du stand de tir, à Léchelles, un tronc de boulot assassiné reste droit, nu et immobile quand partout ailleurs le mois de mai redonne espoir à la Nature  qui déjà sombrait dans un hiver sans fin. Cet arbre torturé, c’est le pauvre, le sans-profit, l’inutile, l’empêcheur de tirer son coup. Il faut s’en débarrasser, au nom de l’efficacité. Tu ne sers pas directement à l’homme qui veut du fric ? Fous-moi le camp. Tu veux vivre à ta façon, sans te sacrifier pour engraisser les loups de Wall Street ? Crève, charogne.

Le soleil rayonnait sur cette pourriture,

       Comme afin de la cuire à point,

Et de rendre au centuple à la grande Nature, 

       Tout ce qu’ensemble elle avait joint.

                                 (Charles Baudelaire)

On a beau tout faire pour la tuer, la Nature s’écrit toute seule avec majuscule.


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A propos

Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.

Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.