Blog suisse de littérature

17 janvier 2015

Il y a des jours où j’aimerais savoir dessiner. Le dessin, c’est de la poésie qui te fout son poing dans la gueule. C’est une chanson muette qui te reste dans la tronche. J’en ai retenu cinq l’autre jour. Mon préféré ? J’oscille.

Celui de Cabu est le plus efficace. Il cloue le bec des arriérés religieux en une claque bien nette. Il montre l’absence totale d’arguments de ceux qui affirment Dieu en ne se basant que que sur des bouquins, cette bible, cette torah, ce coran qu’il faut dézinguer (une chanson à écouter en boucle, ce que je vais m’empresser de faire, Ma bible, de Bernard Joyet) mais pas à coup de kalachnikov, juste à coup de pensée subtiles comme celles-ci : « J’ai quelques réticences à croire qu’une vierge puisse se retrouver sans une opération enceinte jusqu’aux yeux sans avoir vu la verge » ou « le profane est sceptique en toute bonne foi » (B.J.).

Le dessin de Tignous est le plus provocateur : Jésus sur la croix qui plaisante et derrière, d’horribles faces de chrétiens. Le trait est cruel mais il fait du bien. Il incite à rire de la connerie de ceux qui se réclament de l’amour pour mieux étaler leur haine.

Celui de Wolinski décoince les tronches affreuses des bigots suce-cités. La provocation s’y fait plus tendre, plus gauloise, plus rigolote.

Celui de Charb épingle au ciel d’autres cons. Rire des cons n’est pas juste permis. C’est un devoir, une nécessité, un combat de tous les jours. Qu’ils soient chasseurs, torreros, politicards, terroristes, religieux bien-croyants ou petits cons ordinaires, la guerre (puisque c’est désormais le terme qu’il sied d’employer pour montrer ses couilles, au point que c’en est à vomir que de voir étalées au grand jour avec tant de sans-gêne celles de Manuel Vals) la guerre donc des dessins décime tout ce beau monde à l’aveugle, un peu comme les terroristes, qui tuent n’importe qui juste pour le plaisir de tuer, parce qu’ils sont devenus ce que les hommes deviennent quand ils ne pensent plus par eux-mêmes, des assassins sans vergogne, des bêtes à tuer, des SS.

Mon préféré, finalement, je crois que c’est celui d’Honoré : « Je dépense, donc je suis ! » En quelques traits noirs, notre société est condamnée à mort, elle qui ne connaît de valeurs que boursières. La cause profonde de la connerie meurtrière pullulant tout autour de nous est dévoilée sans fard, au milieu de ses déjections. Tant que nous resterons des machines à dépenser, nous créerons, sous les déchets de la misère, des machines à tuer.

Terminons encore en chanson : « … jusqu’au bon Dieu qu’on mobilise et qu’on débite dans chaque église aux enchères comme une marchandise à coup de dollars » pour finalement voir « l’homme crever de famine sous des montagnes d’or » (Jean Villars Gilles).


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A propos

Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.

Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.