23 mai 2015

• 25.10.2018

Il semble que trouver les mots du monde, les sons de l’instant, les chansons de la nature, soit impossible, toujours futile, fugace, comme cette coccinelle qui se casse la figure sur l’écran.

Mais on trouve parfois à l’improviste une jolie formule, une parole qui rigole, une rime au gai minois, alors on pond des vers, on s’amuse à dire les oiseaux, on tente de capter ce qu’est au plus profond de nous ce vent qui agite les cimes, cette pierre où le soleil se cogne, ce ciel en cloche à fromage qui ronronne d’avions.

On trouve que ce que l’on écrit a du sens ou juste que c’est bien tourné, loin de toute essence, mais joli. J’aime ce mot, joli, comme j’aime le mot gentil. Ce sont des mots inoffensifs - des mots dont on peut abuser sans qu’ils ne se plaignent - mais ce ne sont pas des mots faibles. Les jolies ne sont pas belles, avais-je écrit. Je ne me souviens plus de la suite. Les gentils ne sont pas bêtes, ils se refusent à la foire d’empoigne obligatoire, choisissent en pleine conscience (seule la poésie est pleine conscience) de passer pour des lâches, alors qu’ils ne sont que des amoureux de l’instant présent.

Je voulais écrire toujours sur la même falaise, sur la chapelle de Lorette, sur la cheminée de Mélanie, mais mon esprit rustre et salace s’égare, il gâche l’idéal poétique, le frisson de cette fin d’après-midi de mai, la bise qui danse, les oiseaux en symphonie.

Bien sûr, l’image poétique tombe presque toujours ou dans le cliché ou dans l’incongru. Sa quête du vrai est une cause perdue, mais Sainte Rita est sa muse. Et je m’amuse. Il s’agit de toujours vivre en poète, c’est-à-dire…

C’est ça : c’est à dire.