24 juin 2015

La Suisse se fait belle quand elle chante. Elle aime alors sa diversité, se plaît à ses langues multiples, se mélange les papilles gustatives ensaucissées dans Le Vieux Chalet, à l’applaudimètre indéniable véritable hymne national. La Suisse (j’écrivais par inadvertance la saucisse) se laisse pénétrer par les cor virils de la seule vraie langue qui n’appartient qu’à elle, le romanche. Puis elle se rappelle, triste et un peu honteuse, l’assassinat de ses patois romands, dont l’écho à pleurer du Nouthra donna di Maortze ressuscite un instant la beauté. Mais bien sûr, toujours, elle revient à la rocaille de ses dialectes montagnards, à ses grincements de dents alémaniques, à l’isolement de ceux qui se croient seuls. Les cors des Alpes ont de la peine à abandonner le folklore, l’effort est rude. Il est salutaire. Voilà pour les voix.

Un nom : Magali Noël. Par hasard, je vois la vie douce, la dolce vita de Fellini, et j’entends Boris Vian transcendé. Je cherche. Qui est cette Magali Noël que le destin m’a fait croiser deux fois coup sur coup ? Elle est morte hier et habitait à quelques pas d’ici. J’aime bien ce nom, Magali Noël, il sonne comme un cadeau, une belle femme sans chichi des temps anciens, une jolie âme qui n’aurait pas dû se taire.