J’ai contrôlé. Oui, il l’a bien écrit. Encore une lecture en vue, tout comme les voyages de Gulliver, à cause de la fanfare. Personnages : le monsieur à barbiche qui se promène tranquille et la dame au chien blanc. Il suffit de regarder par la fenêtre. Le cantonnier à la rose. Hubert Audriaz. L’homme-statue qui n’arrête pas de bouger, le petit flic basané et le grand à moustaches, le syndic et ses vestes en cuir qui sort de l’apéro, dégaine de socialiste embourgeoisé. À Fribourg aussi, il y aurait de quoi écrire un roman. Plusieurs. L’homme à la valise ne sera sans doute pas amplifié par trop de personnages. Gardons-les en réserve. Peut-être pour un tome deux. La progression de ce que j’ai écrit me plaît. Ça avance. Ça risquerait, avec plein de nouvelles têtes qui pensent et qui parlent, de s’embourber. Il ne resterait donc qu’à (le « qu’ » est tout à fait ironique, cela va sans dire mais disons-le quand même – sans doute l’expression la plus présente dans la version actuelle de l’homme à la valise – parce que c’est le plus important dans l’écriture) soigner le style. Des longues parenthèses comme celles que je viens de commettre sont par exemple à proscrire. Faut-il remettre les ne ? La question semble anodine. Elle est essentielle. Est-ce qu’il est mieux de respecter les règles grammaticales, quitte à rendre le discours moins « authentique », ou d’écrire comme j’imagine que les gens parlent et pensent ? Les guillemets sur « authentique », voilà tout le problème. En aucun cas, il s’agirait de recréer un parler disparu, même si je redonne vie à des expressions, à des tournures de phrases, à des tics de langage entendus par chez nous, comme on dit. L’essentiel, de toute façon, est dans le rythme du texte. Les « ne » le cassent-ils ou lui donnent-ils de la percussion ? À voir au cas par cas. Autre problème : les temps verbaux. La présence constante de l’indirect libre induit l’hésitation entre le passé et le présent. Il ne faut surtout pas une systématique. Il faut que ça donne l’impression d’être naturel. J’ai remplacé tous les « c’était » par des « c’est », instinctivement. Pourquoi ? Intemporalité du verbe être ? À relire. Peut-être l’action inverse sera-t-elle nécessaire. À un moment donné, ça saute aux yeux : il n’y a plus rien à changer. Ce moment semble encore lointain.
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