28 mai 2015

Ecrire juste pour écrire, l’art pour l’art. Lard pour lard. Laisser les sons mener le bal. La balle. Baba devant le bal des pèdzes ou des lazes.

Le monde toujours se cogne aux mots. On n’écrit jamais sur rien. On n’écrit jamais rien. Rien jamais ne s’écrit. Aboli bibelot d’inanité sonore. On va toujours chercher du symbole, du sens, du hors-langue, parce que nous ne sommes pas que langage, parce que le soleil brille cet après-midi, parce qu’un camion accélère, parce que des oiseaux chantent.

Les oiseaux chantent-ils pour rien ? Sans doute non. Ils cherchent à dire quelque chose. Ils se comprennent comme quand on dit je me comprends. Le soleil fait plus que briller, il brûle.

J’ai relu le meurtre de l’Arabe dans L’étranger, baba (des mots reviennent). Camus n’écrit pas sur rien. Il écrit sous le soleil, dans la lumière aveuglante, ébloui par l’absurdité d’un geste fatal. Il écrit parce qu’il est nécessaire de percer à jour le sens du monde, même s’il n’en pas.

On écrit sur rien pour que ce rien deviennent quelque chose. Dès qu’on écrit, le rien originel meurt. Et nous mourrons quand nous n’écrirons plus.

Après Camus, j’ai lu Eric-Emmanuel Schmidt. Je n’aurais pas dû. Après le génie, les médiocres sont sacrilèges et les formules à bon marché un scandale. Schmidt croit écrire sur quelque chose mais il n’écrit rien. Moi non plus, sans doute.