8 juin 2015

Le décalage se marque par le silence. Ils parlent football. Etes-vous Barça ou Juve ? Real ou Bayern ? Je m’en fiche éperdument. La FIFA est corrompue jusqu’à l’os ? On fait semblant de s’en offusquer et on reste supporteur de son club acheté par le Qatar comme ils ont acheté la coupe du monde. On continue à se déchirer les ligaments sur les pelouses en hurlant des immondices à l’adversaire. On s’ébaubit devant la victoire du FC Sion en coupe de Suisse et on en vient à béatifier (il faut bien sûr enlever le a) Christian Constantin. On continue à croire que la moindre victoire de son équipe nationale, de sa Nati, comme les Suisses allemands nous forcent à dire, est une victoire de la nation tout entière, alors qu’on n’y est pour rien, que ce sont juste onze guelus qui courent après une baballe. Bref, la toute-puissance du football demeure, parce que demeure la société du spectacle et l’effet de meute. Wawrinka gagne Roland-Garros ? On a l’impression que toute la Suisse romande était sur le court avec lui, que tout le monde portait le même short ridicule, que c’est grâce à nous qu’il est champion. Je reste à côté, à peine au courant, obligé de l’être, à me dire que si on donne tant d’importance à des jeux de balle, c’est qu’on oublie d’en donner à ce qui en mérite vraiment.