Blog suisse de littérature

Albert Londres, Au bagne

  • Vincent Francey

Je ne vois pas ni ne devine ni ne pressent ni n’imagine, je ne pense pas, je ne respire pas, je suis à peine vivant, je suis bâti de ce bois de canot à la dérive, bois pourrissant à la morte saison, je suis né de cette vase informe, je suis sous-têtard, larve, je suis crachat, je dégoûte les êtres qui me piétinent, mais moi-même suis-je un être moi-même suis-je quelque chose sinon une voix surgie de l’étang, une voix cognée contre un mur, l’écho de l’écho d’un écho qui se heurte à la coque rouillée de ma peau-prison et qui demande l'impossible sans espoir de réponse, sans croire même à la possibilité qu’une oreille saisisse au vol ces mots décousus que je bave : « Où est-il ? Il est où ? Où es-tu ? Je suis où ? Tu es je ou je te tue ? Sais-tu toi qui n’existes pas mieux que moi qui ne suis pas où trouver le passage ? »

Amplification d'une phrase du livre Au bagne d'Albert Londres :

Je ne vois pas de canot, mais une voix rouillée demande : « Où est le passage ? »


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A propos

Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.

Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.