Voilà les ambassadeurs : Français aux perruques poudrées, Allemands au ventre rebondi, Austro-Hongrois moustachus, Ottomans barbus, Chinois chauves, Américains vulgaires. Mais ni les ambassadeurs d’ici ni ceux d’ailleurs ne sont chefs. Le chef, c’est Pascal. Il veut qu’on reparte piano à quarante-cinq, que dans le trio on pétouille moins que la diplomatie tatillonne des ambassadeurs de tout poil et qu’on joue avec plus de grâce les délégations chamarrées et exotiques affluant des confins les plus improbables du vaste monde vers la diète de Stans : Ouzbeks somptueux, Iroquois revêches, Kabyles hagards, Lapons emmitouflés, Maharadjahs clinquants, Sauvages d’Oubangui-Chari presque nus, Irlandais titubants, Paraguayens à rouflaquettes, Soviétiques à lunettes, Australiens tête-bêche, Vikings cornus et Tahitiens à colliers de magnolias. Nicolas de Flue observe d’un air narquois ce sinistre manège emplumé et pompeux : jamais la voix des puissants ne sonnera tout à fait juste, marmonne-t-il . Puis débarquent les délégués vaudois comme si c’était jour d’abbaye. Sourire radieux de Nicolas : comme un fumet de saucisse au chou.
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