Blog suisse de littérature

Carnet avril 2023

  • Vincent Francey

30.04.23

Reste à ta place et fume ta pipe. Jeu d'enfance. Grand-mère aimes-tu la choucroute ? Ça pue, la choucroute, c'est rance, la choucroute ; ce matin, je suis descendu à la cave de devant (celle de derrière, je crois, plutôt) et ça ne puait plus la choucroute rance, ça sentait la terre, et c'était petit, tout petit, cette cave de derrière. J'ai pris le pot de confiture à la cerise, bien sûr (démystifier les variations de Grange, maintenant que je suis revenu à la maison).


28.04.23

Reprendre l'écriture après la mort de mon père. Écrire cela, devoir l'écrire : la mort de mon père. (Vraiment ? reprendre l'écriture, la vie, le travail, la danse des corps, alors que cela, à réécrire, la mort de mon père ?) (C'est un peu lui qui écrit à travers moi.)


Mort d'un père (mon père), lire Annie Ernaux, La place, l'enterrement du père (le sien, le mien), sans savoir avant (la mort, on ne sait jamais avant). Et ce mot : orphelin (non, ne pas admettre un tel mot).


21.04.23

Ces moments d'effondrement, qu'en faire ? Ralentissement, insomnie, condensation de l'écrire.


19.04.23

Apaisement (le trouver sans le chercher) (Charles Juliet, si simple)


18.04.23

Tas de carottes dans une haie, au bout d'un champ, à l'abandon, à la fin du nouveau chemin pour les vieux. Récompense ? (la carotte et le bâton, les vieux préfèrent le bâton). Gaspillage (E. dit grapillage).


17.04.23

Mélodie de sèche-linge, vue sur fer à repasser, F. est de retour (rien à voir mais il fallait l'écrire, et de l'autre côté de la route, ils sont là, les moutons).


16.04.23

Vaches. Ça meugle (ça beugle). Dahlia, la noire aux yeux langoureux. Vaches (je me suis retourné, une jeune fille passe, mais pas de moutons, ceux à Ernest, disparus (en vrai c'est Emile) et une voiture, un gamin, la vache bleugle, meugle, ai tenté d'écrire le synopsis de Grange, la vache beugle, meugle).


15.04.23

Dieu, l'infini, la preuve ontologique, Descartes au réveil, Jean-Luc Marion, on écoute, hébété (on se sent bête, c'est-à-dire animal, machine selon Descartes), on se prépare un café, des tartines, on oublie Dieu, l'infini, la preuve ontologique (le silence de ces espaces infinis, c'est Pascal, pas Descartes, on avait appris tout ça).


14.03.22

Changer. L'intérieur (la vision, l'attention, la pensée, la mémoire, la peur, le désir). L'extérieur (le corps) (un seul mot mais pas plus facile à changer que tous les autres mots).


La bouilloire, Leonard Cohen, Barcelone, Elton John, mélancolie des amours interdites (et des livres, partout des livres).


13.04.23

Envahissement de cartons, chantier infini de l'après-déménager, ce qu'il faut accumuler pour se sentir chez soi.

Deux fauteuils, une chaise à roulettes, une bibliothèque, des tapis, des tasses, un mini-réveil, la porte du congélateur, la sonnette, un tournevis, des piles de livres, des sacs, des plastiques, la lampe Hektar (Hector lui va mieux), un gobelet de yogourt, une paire de ciseaux, Charlie Hebdo, des bouteilles de bière, du sel, un escabeau, une prise, des bandes dessinées, une cafetière italienne, une agrafeuse, une poubelle, une veste, un escalier, un écran d'ordinateur, un four qui donne l'heure (13.07), des rideaux, un thermomètre (22°), le bouchon du stylo, un linge, une boîte à pain, deux tabourets (on pourrait noircir tout ce carnet rien qu'en continuant, mais à quoi bon ?).


11.04.23

Multiplier les visages, les corps, les yeux, multiplier les désirs pour mieux les saturer, les éparpiller, les fondre dans l'immensité du marché global des images à vendre du rêve à toucher.


10.04.23

Lundi de Pâques. Course aux œufs. Non : aller courir parce que tiramisu, mille-feuilles, (cette viande, plat italien, nom déjà oublié, du sushi cuit sans riz et sans poisson, des épinards, des œufs), wiskhy, vin rouge, trop pour l'estomac rapetici, rapetissé, rapetassé, raplapla.


7.04.23

Livres partout : ranger. Comment ? Principe chronologique, puis finalement par genres, puis par pays, puis parce que cet auteur-ci et celui-là, ça colle, mais cet autre surtout pas, et le tas des livres orphelins reste par terre (sans oublier celui des livres à lire, à part, un tas de plus en plus haut). Alors quoi, jeter ? Suffisamment vivre dans sa bibliothèque pour connaître intimement la place de chaque livre (et ce roman emprunté, Le Cimetière des livres oubliés, tome 4, Le Labyrinthe des Esprits, Gaston Lagaffe aussi, sous les piles du courier des lecteurs) (vivante, la bibliothèque).


6.04.23

Abonnement pris à l'hôpital : visiteur. Et eux : patients (ils le sont, tant et tant).


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Commentaires :

  • user
    Caroline Diaz 29/04/2023 A 11:02
    lire cœur serré ton journal, et sourire devant cette image tendre et drôle du père

A propos

Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.

Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.