Blog suisse de littérature
Ruisseau des Chaudeires, 25.02.23

Carnet février 2023

28.02.23

(noter la date : oups, l'anniversaire de ...)

(ce lapus, dans la vidéo Naissance d'un pont : photographier à la truelle)


24.02.23

Casser des noix. Techniques variées : au casse-noix, au marteau sur une pierre, séparer la coquille du fruit, de l'huile, bientôt, et se raconter des histoires : la maman de B. et ses moutons à l'étage, et les cailles dans la chambre d'amis. Les livres aussi : développement personnel (tentation du bouddhisme, ai acheté un Krishnamurti, est-ce que B aimerait Charles Juliet ?), policiers, bande dessinée, romans, livres de cuisine. J'aime la fantaisie de ces gens, la crêpe surnuméraire, les papiers à remplir pour les poules, la folie du chien, la paresse du fils malade (il tousse un peu, fait semblant), la bêtise des administrateurs de bibliothèques (B. ne dit pas bêtise), les faiseurs de bouffe en plastique pour vieux, et ce matin, rebelote, mais la paresse du fils devient mienne.


Apaisement : me sentir légèrement à côté, en dehors, avec, et ne pas en faire un drame. Tenter de m'intéresser aux gens même dans la banalité des conversations ordinaires, tenter de saisir ce qu'elles ont de fragile, ces histoires de conversations ordinaires, la maman de B., le beau-père d'A., l'ex-mari, les impôts, qu'est-ce qu'on fait de nos vieux, de nos malades, des nos dimanches.


23.02.23

Cuisses de grenouilles : les doigts hésitent, empoignent, dépiautent, ripent, glissent gluants sur le verre sale, sur les pommes alumettes, sur le pain pour saucer, sur la serviette, sur les lèvres grasses, sur les pattes écartelées (une tuerie, chacun interprète à sa guise), sur le crâne lisse (pas osé).


22.02.23

Bilan à 18h46 : les cuisses de grenouilles dans une heure, les meubles demain (ou vendredi), levé vers huit heures (un peu après, eu de la peine à m'endormir hier soir), confitures (fini le pot cerises, coings, framboises, abricots), café, parlé face l'œil (Maylis de Kerangal et Yves Pagès), décrassé le corps (ce matin il faisait beau, ai couru), écouté Purcell en lisant San-Antonio (pas lu Juliet mais ai monté et mis en ligne vidéo L'Autre Faim), pas écrit Grange (rien écrit avant maintenant), rien joué à la clarinette, rien chanté, trouvé dans la boîte le magazine du TCS (leur dire que je vends ma voiture), rasées la tête et la barbe (réussi à ne pas me couper le nez), réécrit ceci en cochant ce qui a eu lieu en vrai, mis en ligne les aéroports (sans être beaucoup plus convaincu), pas de série, marché mais dans le village, rien corrigé (pourtant il pleut), rien lu (sauf San-Antonio, J'ai peur des mouches), écouté Antoine Compagnon (mieux compris que Claudine Tiercelin, mais écouté une émission sur Socrate et vu une vidéo sur Nicolas Bouvier), pas allé à la déchetterie, mangé de la saucisse mais tessinoise avec des pâtes bio, appuyé sur le bouton rouge à 17h17, douché (après la course), dans une demi-heure : manger des cuisses de grenouilles. Et aussi : écouté Olivier Hodasava (très envie de lire ses Éclats d'Amérique, puisque pas découpé l'Amérique en tranche aujourd'hui).


21.02.23

Attendre 42 ans avant d'en manger : cuisses de grenouilles (demain) et aussi quoi, demain ? Un billet avec une liste :

  • lit
  • table
  • bureau (+ chaise)
  • bibliothèque(s)
  • (salon ?)

Quoi d'autre ? Raconter demain : lever vers huit heures, confitures, café, parler face à l'œil (Maylis de Kerangal, Naissance d'un pont), décrasser le corps (s'il fait beau, courir), écouter Purcell, lire Juliet, écrire Grange (plutôt : découper l'Amérique en tranches), jouer Songs from the Cattskills, chanter Mendelsohn, trouver dans la boîte aux lettres L'Atlas roman x100 (pas tout à fait ça le titre), me raser la tête, manger des cuisses de grenouilles au cheval blanc (c'est le nom du bistrot), réécrire ceci en cochant ce qui a eu lieu en vrai.

Peut-être aussi, demain : double voyage (les aéroports, pas convaincu de ce que j'ai écrit), une série, me raser (la barbe), marcher en forêt (s'il fait beau), corriger des dissertations (s'il pleut), lire Jeremy Rifkin, Yves Bonnefoy, San-Antonio, jouer la gamme de fa majeur, l'arpège, les tierces, écouter Claudine Tiercelin (n'y comprendre pas grand-chose), parler face à l'œil (Yves Pagès, Petites natures mortes au travail), aller à la déchetterie, manger de la saucisse au foie, des patates, du poireau, appuyer sur le bouton rouge à 17h17, me doucher, manger des cuisses de grenouilles, dormir.


20.02.23

Fabrice oubliait complètement d'être malheureux (Stendhal, La Chartreuse de Parme)

(sagesse de l'amour) (philosophie inversée) (apprendre à oublier)


19.02.23

Tentation mystique : d'aventure, que l'intérieure. (les corps, s'en détacher, mon corps, m'en contenter)


Ne rien attendre : laisser venir.


15.02.23

Tension : le monde, brut, brutal, criard, insoumis, assassin, le monde violent, les mots qui tuent ; l'autre monde, celui dedans moi, trouver la paix, le calme, la méditation, la sauveuse solitude qui ouvre à l'autre (et ce mot, tabou : l'amour).


13.02.23

On a assez pissé sous la douche, est-il écrit à la place de l'heure du train. Ils ont confondu le vestiaire et la salle d'attente. Ils sont assis et ils attendent que le train sorte de la douche.


10.02.23

Assommé de corregions (de corrections, même le mot sort faux). Corriger, punir, se punir soi-même.


Ce bruit de stylo entre les dents et aussi, en bas, il range quelque chose, et des voitures, une porte qu'il referme (il qui ?) et l'ordinateur qui chauffe et peut-être un oiseau, un désir de printemps. Ils annoncent plus chaud, la semaine prochaine. Il fait beau. Noter cela : il fait beau. Penser à la simplicité de ce que note Charles Juliet dans ses journaux apaisés. Il fait bientôt nuit.


Soir : ne pas écrire.


8.02.23

Maisons :

  • La Maison (en bleu) des feuilles
  • La maison natale, transformée
  • La maison d'Arsent
  • La villa rose (ici et ce bunker, le réduit national, la maison suisse, le hérisson)
  • La maison près de la fontaine (étrange : la fontaine plus importante que la maison)
  • La maison-mère (le travail, le chauffage, les hypothèques, les ennuyeuses discussions des petits proprios qui racontent comment économiser l'électricité, réduire la facture, peller la neige, tondre le gazon)
  • maison (le doigt d'E.T.)

Ce commentaire, sous une vidéo : Je ne comprends pas pourquoi vous faites une vidéo de 20 minutes sur ce sujet (au demeurant passionnant) si vous êtes incapable d'en parler. Pas sympa, O.K. Injustifié ? Je ne sais plus (je n'ai pas 20 minutes à perdre à regarder mes propres vidéos ratées) mais 12 pouces levés, donc d'autres avis (cela ne veut rien dire). Alors quoi ? M'offusquer ? Ne parler parler que des sujets dont on sait parler, se taire dès qu'on doute ? Journal de lecture, c'est quoi ? Tâtonner, se tromper, raconter n'importe quoi, simplement ce que c'est cette lecture pour moi, ne pas savoir, en parler parce qu'on ne sait jamais parler de ce qu'on lit, et c'est peut-être ça, la parole qui ose dire sans être capable de parler, qui au demeurant est passionnant.

Et sous une autre vidéo, deux commentaires en arabe que je suis incapable de lire.


7.02.23

Reprendre l'écriture de bistrot, aller sur les lieux d'il y a quoi ? cinq, six, sept ans (2016, le début) et relire et réécrire, et aussi, contrainte de plus, n'utiliser que les transports publics et raconter le voyage, les gens, tout. Ça avait commencé un lundi de Pâques, au Belvédère (celui-là existe encore, mais les autres ?).


5.02.23

Anton Bruckner, messe n°2 en mi mineur

Tension de la voix, ne pas baisser, le corps entier tendu vers ça, ne pas baisser, mais seulement ça, l'entrée des cors (le corps, les cors, le souffle, les femmes, attendre notre entrée), l'entrée des trombones, moment de vérité et cette souffrance, les abdos, pas besoin de fitness, mais ce cri, kyrie eleison, et le Christ sur la croix, alors pas question de se plaindre, respect, chapeau l'artiste, et pas question de douter, ce type est mort pour nous, il a souffert le martyre, et nous, parce qu'on doit rester debout sans bouger une heure à peine, on se plaindrait ?

Ce curé qui prétend que le texte de Michel, non, pas dans une église, quand même, pas de manitou dans une église, pas de tes hochets, pas de magnificence empoisonnée, pas de tu restes coi (pas de Pascal, pas de "le silence de ces espaces infinis m'effraie"), cachez ce doute que je ne saurais voir, et moi de suggérer : pas de curés dans les églises.

La voix, celle qui n'arrive pas à chopper la note, les sauts de l'agnus Dei, mime de croix, encore, on n'en sort pas, il faut souffrir pour être belle, je veux dire : pour que la musique soit belle, parce que dont il s'agit, c'est de la transcender, la souffrance de vivre, la musique, la poésie, ça sert à ça, à bâtir sur la souffrance la consolation, à bâtir sur le silence la musique, une musique qui ne nie pas le silence, une musique faite de silence comme Dieu serait fait de sa propre absence :

Divin silence, signe d'absence

Cet univers n'en finit pas

De commencer de commencer

de commencer

de commencer

de commencer

Et quand les curés racontent n'importe quoi dans les église, leur gueuler : Ta Gueule !

C'est beau, une église, mais c'est mal habité.


Dimanche soir : solitudes. Avant quoi ? La tempête ? Vivaldi, l'été, l'orage, mais février (se gratter la tête pour l'imiter, le mois de février, à la manière de Stan Laurel, c'est dans Les Chaises d'Eugène Ionesco).


3.02.23

Chansons :

  • Gauvain Sers, Le ventre du bus 96, atelier d'écriture, noter les gens dans le bus, le train, s'y inclure, incognito : le barbu en noir, la fille cachée sous la capuche, la bavarde qui cause de ses mioches (un prénom du genre Faustine ou Cassandre), et ce qu'ils écoutent dans les écouteurs, et celui qui, résistant, bouquine mais peine à se concentrer, pas une idée de commencer une lecture dans le train (ce type sur des chantiers partout dans le monde, ceux qui dessinent ce pont, douze heures de boulot par jour dans un open space, baiser celle qui est là parce qu'on n'en peut plus, c'est mieux écrit par Maylis de Kerangal : Il y eut du surmenage, des dépressions, des fausses couches et des divorces, des enlacements sexuels dans les open space, mais ça ne rigolait pas, ce n'était pas ludique, juste une occasion, des larrons, et l'incapacité de résister à une promesse de plaisir quand la nuque craque et que les yeux ont cramé douze heures sur des tableaux Excel, poussées de fièvre converties en coïts rapides, un peu n'importe quoi, et finalement, bien qu'atrocement déçus à l'annonce de la proclamation, les recalés furent soulagés de s'en tenir là (Naissance d'un pont, p.24-25, obligé de m'arrêter au milieu d'une phrase pour sortir du train)
  • Renaud, Les charognards  (putain le talent de ce type, putain le gâchis) : J'ai la connerie humaine comme oraison funèbre (et cette fille qui pleure, l'humanité sauvée, in extremis)
  • (laisser l'algorithme décider de la suite)
  • Alain Souchon, La p'tite Bille, elle est malade (juste écouter, chanter, pleurer) (reprendre cette série des Si ça me chante ?)
  • (encore une) Georges Brassens, Bancs publics : ils font tout pour les rendre inconfortables, ces bancs, mais les amoureux s'en foutent (elle cousant, lui fumant, t'es sérieux, Georges ?) (1953, elle a 70 ans, cette chanson, les amoureux de ces temps-là, des petits vieux qui se serrent les mains très fort et Brel, bien sûr, il n'ont qu'un cœur pour deux)
  • Les vieux : les larmes viennent à ça : celui des deux qui reste se retrouve en enfer.

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A propos

Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.

Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.