Une catastrophe naturelle s’était abattue sur un pays, à l’autre bout du monde. Chez nous, comme d’habitude, tout le monde s’en foutait. On regardait les infos d’un œil vaguement triste. On se disait « les pauvres ! », puis on zappait et on mettait Joséphine ange gardien en se disant que tout le monde ne peut pas être parfait, qu’on ne peut pas accueillir toute la misère du monde, que ma foi, à chacun sa merde. Puis on rezappait. On engueulait la télé quand l’arbitre donnait un penalty imaginaire à l’adversaire. De rage, on tapait du poing sur l’accoudoir, en oubliant tout à fait qu’à l’autre bout du monde, une catastrophe naturelle s’était abattue sur un pays. Puis on rezappait encore. On se demandait comment Gibbs cette fois-ci allait s’en tirer sans dommage et comment Abby trouverait le détail qui permettrait à DiNozzo d’arrêter le tueur de marin’s. A la fin, on ne se trouvait pas très perspicace, alors rezappait et on regardait, blasé, des bombes éclater sur Bagdad et des fanatiques faire exploser des mosquées à Islamabad. On se redisait « à chacun sa merde » et on rezappait. Le match n’était pas terminé. Les nôtres avaient encore une chance d’égaliser. Le numéro dix tira. Poteau. On arrêta la télé en se disant que quand même, la vie est trop injuste, puis on se blottit tranquillement dans un lit bien douillet sans penser qu’à l’autre bout du monde, une catastrophe, patati, patata, c’est toujours la même histoire, on s’en fout. On rêva que c’était Gibbs qui tirait le penalty mais que Mimie Mathy parvenait à l’arrêter.
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