Une plage sans sable, coincée entre un hôtel de ville à triste tour et une cathédrale à l’air inachevé, voilà ce que l’on peut se permettre à Fribourg en guise de grandes vacances : une vague ressemblance avec Barcelone. Quelques couples aux jambes encore biantzettes s’assoient sagement sur des transats rose bonbon ou sur des chaises de jardin vert pomme. Ils optent presque toujours pour des cocktails, parce que se poser à une table avec un ordinateur et boire une bière, même exotique parce que belge, comme ce drôle de type qui bosse même le dimanche, faut pas pousser, si on vient ici, c’est pour se croire sinon à Aquapulco, du moins à Portalban. La bise fait s’agiter trois palmiers égarés trop au nord. Les bus TPF dansent sur des airs disco leur sempiternel retard dominical. Quelques drapeaux encore en Fête-Dieu s’agitent dans le ciel bleu, seule marqueur de plage authentique en ce lieu trop urbain. Elle a pris un jus d’orange, lui une bière. Personne n’y croit. C’est une terrasse comme les autres. On y est bien. La serveuse se dandine un peu mais on est bien loin du spring break. Ni bikini ni tsunami, la plage sans océan, sans mer, sans même le moindre petit lac, est condamnée à jouer la comédie. Pas de souci, dit un client, pour faire comme si. Que du bonheur, pense le bosseur du dimanche pendant qu’une musique hypnotique achève d’endormir les estivants d’un jour qui ne sont pas même amants.
Soyez le premier à commenter