Le pas de deuil ne sait pas comment avancer. La trompette l’appelle. Il titube sans le laisser paraître. C’est que le cœur bat à contre soi. Il voudrait s’arrêter. Il court. Le pas se fait plus lourd, plus cuivré, plus silencieux. Il est le somnambule insomniaque qui va de l’avant dans le vide. Il pleure. Cela s’arrêtera bientôt. Le cortège s’en va, presque à reculons. Le cercueil est un trop plein de vie gâchée. Fuyez. Elle est là. La trompette crie. Vous allez tomber si vous continuez. Vous tombez. C’est la fin. La trompette ne sait que répéter l’appel, toujours plus atténué. Vous ne savez que le redire à votre tour. Vous avez compris. La mort gagne à tous les coups. Le corbillard s’en va, cahotant. Plus rien. Plus personne pour le tirer. La tombe s’ouvre d'elle-même. Le cercueil descend. La terre pousse. On fait comme si on n’avait plus peur. Le pas devient danse. La danse se fige. Nous attendons, tous les deux, endormis, calmes, infiniment calmes, le réveil que le rêve espère. L’amour semble l'emporter mais la gloire soudain s’effondre. La trompette appelle toujours, inlassablement belle, fatale, triste, fière, seule. Le pas de deuil ne s’arrêtera jamais.