Jacques Chessex, L’Ogre
Le Rhin est ivre où les vignes se meurent, se souvint-il. Il se savait aussi frère du vin et frère de la bière, à la fois français et allemand, comme le sang coulant en lui, ce sang que jadis on disait bâtard, sang mêlé, mélange détonnant de vin, de bière et d’eau, qui tantôt descendait le Rhône jusqu’à Marseille, se troublant d’une goutte de pastis, tantôt remontait le Rhin jusqu’à Rotterdam, se parfumant de tulipe.
Ce jour-là, Jean Calmet sentait en lui l’appel irrésistible de la walkyrie. Ces fées aux cheveux verts qui incantent l’été, se souvint-il aussi. Il se voulait allemand, rien qu’allemand, de sang pur, aryen, presque nazi.
Mon verre s’est brisé comme un éclat de rire : c’était l’eau qu’il fallait suivre, l’eau sans nation, l’eau universelle, l’eau de vie.
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A propos
Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.
Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.
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