Blog suisse de littérature

Carnet janvier 2023

29.01.23

Théâtre pour enfants, estampillé, les comédiens s'éclatent. Il paraît que ça parle de biais cognitifs, mais rien de cela, un trésor au pied d'un arc en ciel (le titre, Biais aller-retour, mal choisi, parce que non, ça parle de mamie qui doit aller en EMS, ça parle d'un trou qu'on creuse entre deux tombes, la nuit, sous la lune, ce sont des mains qui parlent, qui font des calculs. O., à côté de moi, va plus vite. Dans sa tête, ça mouline. Est-ce qu'on en sait plus, après ça, sur les biais ? Peu importe, quand ils chantent What a wonderful word, j'ai la larme à l'œil.


22.01.23

La grotte initiale. Le bien-être que notre organisme en formation y a connu. L'obscur souvenir que certains en gardent les contraint à demander à la vie ce qu'elle ne peut donner.

(Charles Juliet, L'autre faim, 12 janvier 1992)


Ce voyage. Celui d'une vie. La sienne. Et le grand voyage : trop tôt. La grotte d'après, le gouffre, au bord du gouffre, savoir que bientôt on y plonge, ne rien savoir d'autre. Au bord de l'infini (Victor Hugo, les mots trop grands) parce que c'est la fin (L'autre faim, on entend ça aussi chez Charles Juliet, l'autre fin, la fin de l'autre, la faim des autres ou de l'Autre, l'inconnue, l'inconnue, et l'amour aussi, ce voyage sans cesse reporté).


21.01.23

Cette note dans le journal de Charles Juliet, 25 février 1991, ne pas la copier. Pourtant, la même note, ici, quand ? Et ce livre, pas osé l'acheter : Inconsolable.


Encore l'enfant et l'Amérique ? Comment sortir d'un livre ? Dire : c'est tout. Passer à autre chose : la grotte, les grottes :

  • Kannè a Dzolyè (tout vient de là, une promenade, l'été passé)
  • Lascaux 2 (nous étions presque seuls, mais peut-être pas, mémoire défaillante, la fin de ce livre de Maylis de Kerangal, peine aussi à refaire surface, Un monde à portée de main)
  • Réclère, le masque, les lunettes, la buée, stalagtites, stalagmites, rien vu.
  • Grotte à Pétaule (L'homme à la valise, opus 0)
  • ... (remonter le temps, l'enfance, la préhistoire)
  • Grottes de Payerne, les vêtements du juif (relire Chessex)

      19.01.23

      Comme une barre en travers du visage, vide d'yeux, vide qui vient, le monde disparaît. Comme si déjà la fin. Si proche.

      Fatigue aussi. Se sentir vieillir.


      15.01.23

      Divin silence (les mots de Michel, la musique de Michel) et tout en chantant cet appel à méditer (sans savoir ce en quoi ça consiste, méditer, quelque chose comme ressasser, mais en mieux) parce que chanter, c'est méditer, chanter à l'intérieur, et avec la voix de Charles Juliet, L'autre faim, trouver avec lui la paix intérieure, me délivrer du moi (mes angoisses, mes obsessions, mes frustrations, mes blocages) pour accueillir ce qui vient, le ciel bleu après la pluie (l'image est banale, ne pas la repousser). Accueillir ce qui vient pour apprendre à me passer de ce qui ne vient pas.


      Recopier :

      Chaque atome de silence

      Est la chance d'un fruit mûr !

      (Michel Gremaud)


      Parle ma tourterelle !

      "Pour s'entendre, dit-elle

      Pas besoin de tout dire !"

      Et s'en va d'un coup d'aile

      (toujours Michel, Jean-François, la musique)


      Ces êtres qui chantent faux. N'est-ce pas parce que règne la discorde en amont de leur voix ?


      Écrire la voix, c'est simplement transcrire les mots de cette voix qui ne cesse de murmurer dans le silence de ma nuit.

      C'est pour se mettre à l'écoute de cette voix que l'écrivain a besoin de se retirer dans la solitude et le silence.

      (Charles Juliet, 2 octobre 1989, ÉCRIRE LA VOIX)


      Écrire, c'est méditer (et m'éditer).


      13.01.23

      Fatigue. Rhume. Vague à l'âme d'un vendredi 13 sans apéro. Prendre note des états d'âme ?

      • (mimétisme avec le ciel) coup de vent, ciel changeant, déprimer après Molière, L'Avare, par Michel Boujenah (Roger Jendly, c'était mieux)
      • solitude (vide) (passagère)

      Ce qui déprime, c'est d'aller voir L'Avare seul, mais L'Avare est une pièce déprimante, Michel Boujenah (il se débrouille bien) à la fin de la pièce, seul dans son trou, pendant que les autres, dans la lumière, au fond de la scène, se marient (lui, il reste avec sa cassette). Je me souviens que Roger Jendly était bouleversant, que L'Avare, au fond, c'est une tragédie.


      9.01.23

      Écrire le journal d'une œuvre que je n'écris pas.

      Citation précise :

      L'écrivain ne peut tenir que le journal de l'œuvre qu'il n'écrit pas.

      (Maurice Blanchot, Le livre à venir)

      Ou alors : le journal devient l'œuvre.


      6.01.23

      La directrice, la reine (couronne de carton) et ces vieilles dames assises, elles lancent le dé de mousse, le 4, le 2, il y en a une qui triche, elles s'amusent, font ce qu'elle peuvent, et il y a cette jeune fille, pimpante, maigre, très blanche, un scandale au milieu de ces vieilles, une princesse, si on voulait, une gamine (dans combien de temps, ce sera elle qui jouera ? elle triche déjà, les dés ne sont pas jetés, mais vous serez bien vieille au soir à la chandelle et Ronsard est un salaud, un vieux beau, un pervers ; pas drôle pour moi, ce rôle de poète).


      4.01.23

      Si proche, si loin, de Charles Juliet. Aventure intérieure du désordre. Quête de soi par l'éparpillement. (Que penserait-il, Charles Juliet, de Paolo Pinocchio ?)


      Crâne d'œuf, sensation de nudité, pas un cheveu blanc, pas un cheveu, tout faire pour ne pas vieillir, et le corps, les muscles, la machine, faire comme si le temps n'existait pas, et pourtant la gorge, ça râcle, et le ventre, ça reste, et le temps, ça passe et ça casse. Temps cassé (titre à noter dans la liste des livres à faire).


      3.01.23

      Liste de livres à livre (en plus de tout ça) :

      • Fabrice Neau, Journal (bande dessinée, XG)
      • L'Attrape-Cœurs (XG ne cite pas l'auteur, Salinger ?)
      • Cavalin, Valet Noir (EC, pour écrire autrement)
      • Lucien Leuwen (je relis La Chartreuse, tendre ironie)
      • La Misère du monde, Bourdieu,dont je me méfie (qui est PdB ?)

      2.01.23

      Ces histoires qu'il raconte :

      • On le monte en haut d'une tour, il y a le vide tout autour de lui, puis on le jette en bas pour la nuit. Au début, ça fait bizarre.
      • Dans l'Arbogne, derrière chez Oberson, ils ont trouvé des tuyaux, des fils de fer électriques, c'était il y a une vingtaine d'années. (est-ce que c'est vrai ?)

      30.12.22

      Fin. S'empêcher de commencer déjà.

      Résolutions :

      • gestes pour la planète (réfléchir dans la voiture à comment m'en débarrasser, de la voiture)
      • le crawl (apprendre par tutos, essayer quand la piscine est vide)
      • forum de lecteurs : toujours la même obsession, celle de la solitude du lire.

      28.12.22

      Ouverture du carnet. Ouvrir par la fermeture. Le grand carnet collectif, abandonné, quitté en plein milieu, y revenir par la porte de fin, instructions pour que continue le carnet. On ne commence jamais un carnet, on continue toujours. C'est comme écrire, on écrit la suite, toujours, jamais le début.

      Dix instructions (pas relu tout ce que demande François Bon, j'avais abandonné avec l'idée de m'émanciper, mais jamais totale, l'émancipation) :

      1. (au moment de commencer, rien, écrire aussi ce qui empêche d'écrire)
      2. Des notes, des noms, des idées qui s'en tiennent à cet état fragmentaire, presque rien, écrire le presque. (dans un commentaire, ce titre, Le Lard Bleu, Sorokine) (roman postmoderne dystopique russe, la Russie elle-même devenue tellement dystopique par opposition à la modernité)
      3. Ne pas assez citer, je veux dire recopier (s'y mettre)
      4. Un geste, une attitude, une couleur, s'en tenir là (toujours le presque rien)
      5. Grottes, ce n'est pour l'instant qu'une vague idée de livre, explorer librement cette vague idée.
      6. (viens de relire : 9 ou 13, les instructions, peu importe le nombre) ne pas se donner de règlement
      7. Les mots entendus, j'avais sauté cette proposition, pourquoi ? Bribes de conversations, mondes qui s'ouvrent.
      8. Encore le presque rien, explorer plus avant le ressassement, ne pas avoir peur d'écrire toujours la même chose.
      9. Et le rêve ?

      Souvent, dans le rêve, c'est la panique, partitions perdues, salles de classe introuvables, angoisses incompréhensibles.


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      A propos

      Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.

      Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.