Quelques intrépides sont montés sur la tribune de l’église de Praroman. A l’orgue, Jean-Claude dit 145 : il n’a rien compris aux lois du loto. Puis vient la louange divine, les voix oratoriennes qui tentent de recréer Noël en janvier, qui y parviennent parfois, qui d’autres fois tombent en carnaval. L’orgue avance, impitoyable, il faut le suivre, ne pas se laisser perturber par la faute du voisin. Chacun à son tour se plante, écorche l’allemand, monte trop vite vers un Dieu qu’il espère indulgent. Si la perfection qu’exige Bach est en vacances, la ferveur bosse, elle court partout colmater les brèches, elle s’efforce de prendre du plaisir et y parvient pleinement. Sans doute est-ce là le miracle. Allez, da capo, l’orgue avance, Jean-Claude est survolté, c’est reparti pour un tour : Ehre sei dir Gott ! La fugue parfois flotte mais ne coule pas. L’orgue tient la barre. On tiendra jusqu’au bout de la mélodie éternelle. Merci Seigneur ! Noël s’est prolongé un peu dans nos voix heureuses. On peut maintenant lui souhaiter bonne année, lob und dank et à bientôt, parce que bon, le Noël de Jean-Sébastien Bach, on ne s’en lasse pas.
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