Blog suisse de littérature

Oscar Mazzoleni, Nationalisme et populisme en Suisse

  • Vincent Francey

Les conditions atmosphériques étant au beau fixe selon les observations que nous effectuons en ce moment même en mettant le nez à la fenêtre et en découvrant à notre grande surprise un ciel d’un bleu merveilleusement laiteux, nous ne pouvons désormais plus douter du succès imminent de notre modeste entreprise, qui consiste, rappelons-le même si je pense que désormais tout le monde est au courant, à sortir enfin de notre terrier pour redécouvrir le vaste monde qui si longtemps nous a été interdit afin de protéger nos chères personnes à risque d’une mort étouffante qu’elles ne méritent assurément pas sauf si elle persistent contre toutes les consignes à faire leurs courses dans les supermarchés en crachant à la figure de leurs voisins, mais il faut admettre que les conditions atmosphériques malheureusement ne sont pas le seul critère à prendre en compte durant cette période particulière et que nous devons nous en remettre tous, il n’est pas interdit de le rappeler à l'heure où le relâchement nous guette, aux consignes édictées par les quelques braves chauves qui pour nous perdent leurs derniers cheveux, je veux bien sûr parler d’Alain Berset et de Daniel Koch, nos sauveurs, sans qui nous serions déjà tous morts, les conditions donc, selon notre bienfaisant ministre de l’intérieur et son génial collaborateur maigrichon, ne sont pas toutes remplies, loin s’en faut, et nous devons donc remettre notre modeste projet de promenade aux Calendes grecques qui, je l’espère, ne sauraient tarder ; face à cet empêchement bien indépendant de notre volonté, je pense qu’il est néanmoins judicieux de poursuivre les préparatifs de notre escapade qui en ces temps troublés devient une véritable aventure que nous remplacerons provisoirement par un discours d’une éloquence à couper le souffle, même s’il semble contestable, alors que précisément le coronavirus peut provoquer selon les experts de graves difficultés respiratoires que le docteur Raoult, enfin un médecin « en phase » avec ce que nous espérons dans l’ardeur la plus folle, propose de soigner avec des herbes, des gélules ou je ne sais quoi de miraculeux au moment précis où les demandes en miracles en tout genre ne sont plus latentes mais manifestes, nous demandons un vaccin, un médicament, un massage, un laisser-passer, nous demandons simplement de pouvoir à nouveau vivre une vie normale, nous demandons de sortir enfin de nos prisons et d'en libérer tous les détenus car aujourd’hui l’ensemble de la population a l’âme de Papillon qui s’évada du bagne de Cayenne ou celle d’Edmond Dantès jouant le faux mort pour enfin quitter le terrible château d’If, car aujourd’hui tout le monde à vingt-deux heures trente sur son balcon crève d'envie d’enfin chanter le tango interminable des perceurs de coffres-forts et de se casser de ce putain de confinement à la con et les thèmes qu’on voit partout croître ne sont autres que ce que jadis nous considérions comme des banalités, ce ciel qui refuse de pleuvoir alors qu’à coup sûr quand on pourra enfin sortir il va pleuvoir pendant six mois pendant qu’aux jours chauds de l’été nous serons toujours enfermés dans nos deux pièces sans pouvoir nous procurer le moindre ventilateur, la rupture de stock découlant de l’effondrement définitif de l’économie contre lequel même le troisième chauve qui nous sauve, le grand argentier Ueli Maurer, ne pourra qu’agiter sa petite tête dodelinante et têtue alors que l’ensemble du Conseil fédéral, par solidarité pour ses chauves, se rasera le ciboulot, à commencer par notre bien-aimée présidente Simonetta Sommaruga qui prendra la décision qui s’imposait au vu des dangers de l’heure présente en se déclarant unilatéralement cheffe suprême du peuple et des cantons helvétiques, ce qui ne plaira pas du tout à Karin Keller-Sutter, à qui la calvitie va comme un gant aux doigts de pieds, ni à Guy Parmelin, qui devait succéder à Simonetta en janvier 2021 mais qui ne sera jamais président parce que son bilan au ministère de l’économie, le moins qu’on puisse dire c’est qu’il n’a pas été brillant, déclarera notre désormais adorée dictatrice sans cheveu alors que son collègue Ignazio Cassis arborera une sublime perruque à la Louis XIV et se fera appeler mademoiselle Cassis, mais c’était sans compter sur l’allégeance de l’armée suisse, qui comme chacun le sait est la meilleure du monde surtout en temps de paix, à sa brillante généralissime Viola Amherd qui déclarera que nous sommes dans l'Amherd, que le haut-valaisan est seule langue autorisée afin de cripter nos discussions désormais attaquées elles aussi par des virus, mais informatiques ceux-là, et qui, par un acte d’héroïsme dont nous ne la savions pas coutumière mais qui sera facilité par la gabegie et la crise mondiale provoquées par la gestion désastreuse du coronavirus par l’OMS, l’ONU et l’UE, permettra enfin aux institutions suisses d’échapper à l’emprise délétère des hommes politiques.

Voilà que le coronavirus en arrive à infecter cette phrase de l'historien Oscar Mazzoleni : "Les conditions du succès ne sont pas toutes remplies par un discours « en phase » avec les demandes latentes de la population et les thèmes chauds de l’heure, ni par un accès facilité aux institutions politiques." 

Pour se soigner, rien ne vaut les Frères Jacques et Boris Vian.


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Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.

Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.