Blog suisse de littérature

PauseCafé, Coop City, mercredi 1er mars 2017, 17h15

Défilé permanent, pantins sur escalators, sur trottinettes ou sur godasses, les gens passent et repassent mais hélas ne trépassent pas encore. Ils mourront le ventre plein, stressés mais repus.

Une fille pousse une cage sans oiseaux. Le gazouilli humain est plus grave, plus monotone, plus fatigué que celui du canari. Cette fille, est-ce que c’est… Non. Et ce type ? Oui.

Les gens passent, avancent, s’éloignent, se trouvent hors de portée, morts aux yeux des quelques assis qui causent à peine, sauf le bavard de jadis au CPI, idiot de ville qui tient la jambe aux inconnus. Un vieux lui répond patiemment en sirotant son verre de blanc. L’idiot – il en existe encore et c’est merveilleux ! – boit du rouge. Le vieux s’en va. La patience a ses limites. Le flux des gens s’est un peu tari mais il reprend, fatal et mécanique. L’idiot n’a plus personne à qui parler. Il se mouche.

Passent poussettes et chaises roulantes, téléphones et sacs à main. Et cette fille, est-ce que c'est… Non.

Dans les grandes surfaces – étrange nom que grandes surfaces, comme si le vide, malgré tout le petchi qui traîne, restait présent, et en effet, il reste présent -, les gens sont interchangeables. Seul l’idiot de ville est unique. Il regarde, attentif, tout ce qui se passe. Il ne se cache pas derrière un ordinateur, lui; il se lève et il se cherche des amis. Ou un journal.

Toujours le flux. Peut-être sont-ce les mannequins des boutiques qui ont pris vie. Mannequins difformes alors, presque humains. Et cette fille, est-ce que c'est… Non.

L’idiot a reposé le journal. Le flux ne s’arrête pas. L’idiot se remouche. Peut-être n’est-il pas si idiot que cela. Peut-être les autres sont-ils les vrais idiots. Ils se lèvent. S’en vont. D’autres arrivent. La vie est un supermarché.

Dans une heure, on éteindra les lampes et les escalators. Ce type, c’est… Oui, c’est lui.


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A propos

Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.

Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.