Blog suisse de littérature

Philipp Glass, Low Symphonie

Varsovie ne s’insurge plus. Elle répète à l’envie son passé qui ne passe pas.

Lentement, les ombres défilent. Elles s’en vont. Le ghetto se vide, déchiré sur la photo en noir et blanc.

La musique n’y peut rien. Elle ne pleure presque pas. Elle cherche sans fin la gravité et le calme, ne les trouve pas, se laisse effleurer par l’horreur refoulée.

Jamais plus la musique ne grincera. Elle restera harmonieuse coûte que coûte. Elle s’acoquinera avec des canailles de l’ouest et des chanteurs aux yeux pers. Elle leur volera des mélodies qu’elle s’acharnera à redire à l'infini, pour les faire sortir de la terre qui veut tout oublier.

Elle se croira parfois à Hollywood. Elle en pleurera. La caméra ne filmera qu’un ciel gris, que des murs nus, que des ruines redevenues maisons.

Varsovie s’ennuiera. Elle en aura honte. On ne s’ennuie pas de ce passé-là. La musique, lancinante, belle mais pour rien, continuera seule sa lamentation monotone.

Varsovie est morte depuis trop longtemps. Elle ne sait plus pleurer. 


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A propos

Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.

Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.