Cette secondarisation qui se tertiarisa, se quaternararisa, fut remise aux calendes grecques puis fut définitivement oubliée, cette mort – ce serait cela le terme précis – de la question qui n’en était pas une, puisqu’il s’agit d’un simple fait chiffrable et indubitable, la simple idée de le considérer comme une question prouvait par ailleurs sa secondarisation et tout ce qui s’ensuivit, la mort de la conscience des inégalités qui certes n’étaient pas elles-mêmes morte de leur belle mort, qui au contraire vivaient avec plus d’énergie et de fougue que jamais, en particulier les inégalités économiques, cet assassinat du concept d’inégalité qui avait de tout temps gêné les nantis qui tenaient les commandes du monde et en particulier celles des échanges marchands qui en accentuaient monstrueusement les inégalités, même si ce terme doit être banni parce que l’utiliser donnerait à penser à certaines personnes mal intentionnées vis-à-vis du pouvoir qu’il existe réellement un phénomène nommé inégalité, ce qui contredit la théorie du ruissellement qui est pourtant si pratique pour justifier les pires spoliations et les enrichissements les plus indécents, cette mort des inégalités tenait donc au fait que les différences – mais les différences ne sont-elles pas des richesses ? c’est en acceptant sa différence qu’on parvient à devenir véritablement soi-même, il faut cesser d’utiliser des termes dévalorisants tels que pauvres ou handicapés, non seulement parce que la pauvreté et le handicap sont toujours relatifs, qu’il y a toujours plus pauvre ou plus handicapé que soi, alors à quoi bon se plaindre, mais aussi parce qu’utiliser de tel gros mots (pauvre, handicapé, chômeur, clochard, etc.) suggère qu’il existe des réalités nommées pauvreté ou handicap ou chômage ou que des gens dorment dans la rue, alors que ce qui existe, ce sont des personnes à revenu limité, des personnes à mobilité réduite, des chercheurs d’emploi qui n’ont qu’à traverser la route et des sans domicile fixe – disons plutôt des variations de situations qui étaient par ailleurs si secondaires, si tertiaires, si quaternaires qu’elles pouvaient au fond n’être que la manifestation instinctive de la jalousie éprouvée par des loosers aigris qui n’avaient pas su faire un usage optimal de leurs potentialités personnelles et que ce que leurs manifestations, leurs grèves, leurs coups de gueule, leurs pleurs et leurs beuglements ne faisait que traduire, ces récriminations adressées au pouvoir qui a d'autres chats à fouetter n’étaient pas la réelle inégalité dont ils étaient victimes a priori mais le fait, dont ils sont les uniques responsables, que n’avaient pas été assimilées chez eux les lois éternelles de la nature et de la société qui par essence ne peuvent aboutir qu'à des écarts justes et nécessaires de conditions.
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