C’est le branle-bas de combat et de chaises. Les Suisses contre les Espagnols, les bouffeurs de viande froide contre les buveurs de Coca-Cola. Tous, au détriment du solitaire à qui l’on hésite à piquer sa chaise, trouvent un endroit pour poser leur cul, même les gamins et les estropiés. C’est bientôt la guerre mondiale, affirme une Suissesse. Pas contre les Espagnols, non, eux, ils sont polis. Ils parlent un peu fort, d’accord, mais ils ne font de mal à personne, sauf aux touristes, mais bon, ici, ce sont eux les touristes, alors il n’y a pas de risque. Non, la guerre mondiale, c’est Trump et la Corée du Nord. Le feu et la colère, qu’il a dit. Mais bon, ça se passe en Asie et en Amérique, tout ça, pas en Suisse ni en Espagne, alors qu’ils la fassent, leur guerre mondiale ; tant que nous on peut s’asseoir, boire du Coca-Cola et manger de la viande froide, on ne va pas se plaindre. Ça pourrait être pire. Les Espagnols bouffent. Ils se foutent de la guerre, ont oublié Guernica depuis belle lurette. Le pain sent bon, le saucisson sec est goûtu et le fromage suisse tout à fait typique. Un Helvète en chaise roulante tente l’exploit de boire un verre de Rivella bleu. Y parviendra-t-il ? Le monde est suspendu. Allez, encore une gorgée, juste une, fais un effort, tu peux… Tu vas le boire, ton Rivella bleu ou quoi ? C’est pourtant pas bien compliqué. Je te préviens, si tu ne le bois pas jusqu’à la dernière goutte, ce sera – comment il a dit déjà ? – le feu et la colère !