Terrasse du Grand Pont, vendredi 7 avril 2017, 17h20
Laurette, sur la falaise, ne dit rien, mais n’en pense pas moins.
Sur le pont vidé de ses voitures – que le vidage fut long ! - roulent des rollers.
Aux maronniers naissent des espoirs de feuilles. Le printemps s’installe aux terrasses, il commande une bière et des biscuits salés.
« Nom de Djeu », s’énerve le client. Le serveur est rentré. A l’intérieur, c’est plus select. On sait se tenir, dedans. On n'est mieux là que dehors, pense le serveur.
Sur le pont bogue un boguet, vole un vélo et marchent des marcheuses aux cheveux ensoleillés.
« Il est pas méchant mais il est bizarre », dit le client, calmé, au téléphone. Il se demande où il faut tailler. Au printemps, on ne devrait rien tailler, me dis-je.
« Djeu ! » Le naturel revient au galop, comme les bourgeons qui éclatent aux arbres revenus.
« La semaine prochaine, tout est fait à Granges-Paccot, à Matran et à Beauregard », dit le client, parce que les haies, il faut les tailler avant que ça parte dans tous les sens, tu vois, Djeu, parce que c’est pas la nature qui va faire la loi, quand même, on est chez nous, faut pas nous emmerder, nom de Djeu.
Sur les tables, les fleurs sont heureuses, sauf à celle du client.
Sur le pont court une coureuse et busse un bus.
Il serait peut-être bien que moi aussi je me taille, me dis-je.
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A propos
Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.
Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.
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