Blog suisse de littérature

3 février 2015

Le foie et la foi. Il était un foie.

La saucisse au foie froide vaut tous les dieux du monde.

Bien sûr, un foie de musulman sans cirose est sans doute meilleur qu'un foie d'athée flambé au cognac, mais je mange du porc et je blasphème, en bon chrétien des Alpes que je suis (Charlie).

Jouons donc avec les mots pour ne pas prendre au sérieux les balivernes des livres sacrés. Il est écrit dans le Coran qu’il faut tuer. Donc tuons. Il est écrit dans l’Evangile qu’il faut tendre la joue. Donc tendons (d’Achille). Il est écrit dans le test psycho d’un magazine féminin qu’il faut cocher. Donc cochons. Il est écrit dans le Sillon romand que les oiseaux doivent nicher. Donc nichons.

Qu’est-ce que c’est que cette manie de croire que tout ce qui est écrit dans les bouquins est vrai ? Prenons un livre au hasard et regardons : « Comme je n’ignorais pas qu’il devait nous rester à peine douze ou quinze pistoles, je lui marquai mon étonnement de cette augmentation apparente de notre opulence ». Voilà donc la vérité. C’est même un curé qui l’a dit, donc pas question d'en douter, même si plus personne ne compte en pistoles, mais bon puisque c’est écrit dans Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut, c’est vrai, un point c’est tout. Les livres, ça dit toujours juste. Même si l’argent que je vois dans mon porte-monnaie ne correspond pas à la parole sacrée, c’est forcément moi qui me trompe, pas le livre, jamais.

« Le scepticisme italien est irrémédiable », me dit un autre livre (Le soleil ni la mort, Jacques Mercanton). Je ne sais pas trop pourquoi il me balance ce truc mais je ne peux pas lui clouer le bec et le déclarer hors-sujet, c’est impossible, le livre ne ment pas, le contredire, c'est blasphémer.

Allez, un dernier : « bawouf ! » (Une enfance créole I, Antan d’enfance, Patrick Chamoiseau). Ô pauvre créature ignare que je suis ! Je ne parviens pas même à saisir la lettre de la parole divine. Son esprit, n’en parlons pas. Ce serait se brûler les ailes que de tenter une exégèse. Les mots du livre toujours nous dépassent. Nous ne pouvons que les ânonner à genou en nous tapant la tête contre les murs. C'est bien assez pour les mécréants que nous sommes. 


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A propos

Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.

Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.