Le soleil s’est décidé à taper sur le ciboulot des couples à l’apéro. J’évite soigneusement le parasol, histoire de griller comme le grain moulu du café la semeuse que j’ingurgite. Deux ballons d’Yvorne ? demande la serveuse (disons plutôt la dame du service, voire pire, la vieille du service, si j’étais mal élevé). La vieille dame du service (puisqu’il faut couper la poire en deux) tutoie tous les autres vieux venus schwentzer la messe sur sa terrasse. Elle encaisse l’argent avec un plaisir avide qui la rend presque belle. Les seuls jeunes qui restaient sont partis. Me voilà le cadet de cette morne équipée de sexagénaires connectés qui se parlent à peine. Nouvelle erreur de casting. Il ne me vient aucun mot doux à leur propos, pas même épigone, dont j’ai, depuis le XXe, cherché le sens, sens qui s’avère hélas trop masculin à mon goût. Bref, le soleil tape de plus en plus fort et cela se ressent sur les mots qui naissent ici. Un vieux à lunettes trouve son Yvorne pas mal. Son acolyte acquiesce, puis replonge dans son journal.