Vapiano, dimanche 5 mars 2017, 11h10

• 22.08.2017

Les cuistots à bandanas s’occupent comme ils peuvent, ils pétrissent la pâte, lavent la salade, secouent les nouilles. 

« Je peux résister à tout, sauf à la tentation. », dit le mur.

« La vita é une combinazione di magia e pasta. », lui répond un autre mur.

Prendra-t-il une pizza ou des penne ? Le client en est encore au café à l’italienne, Amici, amitié dans le vide, petit goût amer dans l’immensité solitaire.

La serveuse détaille les chiffres : « 4600, non, 4000, attends, va pas trop vite, 300 sur un mois, voilà, ça fait sur les 4000, non 4600, attend que je compte, ça fait… » Elle n'est pas suissesse, elle ne sait pas compter.

Voltaire, coincé entre la soupe et la salade, lui répond : « Dieu nous a donné le vivre, c’est à nous de nous donner le bien vivre. » Sauf que partout, le vivre, on nous le vend. Dieu ne fait pas crédit, Vapiano non plus. La serveuse portugaise ne pourra quitter la Suisse que quand elle aura payé le leasing de sa voiture.

Déjà des clients se pointent.

« Ici, c’est Fribourg ! », clame un dragon qui semble plus intéressé par la pizza que par les résultats de Gottéron.

« Sans pain ni vin, l’amour n’est rien », lui assure la vache d’à côté.

Avec sa pizza ou ses penne, le client ne prendra ni pain, ni vin. Mais voilà que l’amour entre par la grande porte. Non, c’est encore une serveuse. Dieu ne donne ni le pain, ni le vin, ni l’amour. Il a délégué Vapiano pour nous les vendre.

« Chi va piano va sano et va lontano », ânonne le mur, qui décidément est un grand bavard. Il doit avoir de la famille sur facebook, se dit le client.

« On ne vieillit pas à table », poursuit-il, intarrissable.

Ce sera une pizza, dit le client au mur, qui, puisqu'il parle comme un Italien, n'a pas d'oreille mais un ventre affamé.