Blog suisse de littérature

Yatus, mercredi 26 avril 2017, 17h05

Dans l’hypnose préétylique d’un soir de pluie, quelques rares évanescents flottent dans les ondes floues.

Une musique d’ascenseur livide descend d’un ciel aussi rouge qu’un bordeaux premier cru. Quelques flashs sonores s’éparpillent dans l’esprit de vin. Une bière citronnée coule à petits flots fatigués dans mon gosier paresseux. Au loin, quelques verres s’entrechoquent pour rien.

Marine remonte les escaliers. Elle sourit au téléphone qui la drague. Elle est noiraude, Marine. Rien à voir avec l’autre. Elle n’a pas peur, Marine, et elle ne fait pas peur. Elle cherche juste à travailler un peu, à réviser pour ses examens.

Son prof de français n’est pas là pour la surveiller. Il boit une wittekop et se laisse bercer par la voix maladive d’un chanteur sans sève. Il n’ira pas voter. Il ne peut pas. Mais il voterait pour cette Marine-là, pas pour l’autre, même si l’orthographe et elle, non, décidément... Pas de clause Molière pour cette Marine-là, juste une voix qui parle à l’appareil, plus vive que la voix électronique qui couine au loin.

D’autres verres tintinabulent. Le prof de français se dit que c’est un joli verbe, tintinabuler. Marine ne l’a jamais entendu. Elle est employée de commerce, elle se perd dans les anglicismes économistes, elle voit défiler les chiffres noirs et les chiffres rouges, aimerait bien une vie un peu plus poétique, mais d’abord il faut passer le premier tour, pondre une argumentation thèse-antithèse, chercher des antonymes et des homonymes dans le Petit Robert, passer du discours direct au discours indirect juste pour faire plaisir à ce prof de français qui se dit que si cette Marine-là ne marche pas dans les pas de l’autre, c’est déjà pas mal. 


Post précédentAntoine Compagnon, Les antimodernes, de Joseph de Maistre à Roland BarthesPost suivant29 mars 2015

Commentaires et réponses

×

Nom est requis!

Indiquez un nom valide

Adresse email valide requise!

Indiquez une adresse email valide

Commentaire est requis!

* Ces champs sont requis

Soyez le premier à commenter

A propos

Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.

Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.