La longueur de ce dimanche de pluie fait écho à la langueur des airs de Schubert. Le voyage d’hiver n’est que grisaille, puis la lumière, un instant déjà passé, vient suggérer des souvenirs inventés. J’ai laissé tomber Facebook, pour laisser le temps s’étirer, pour retrouver du vide autour de moi, pour que le monde se taise parfois. Plus rien n’est fluide. Tout se chevauche et se cogne. Tout tremble et courate. Le réseau se sature de poussière. Mais le miracle du silence s’insinue parfois dans nos vies pour nous habituer à l’arrêt des festivités excitées, au rapetissement de l’espace, à la mort qui viendra donner le vrai repos. Laisser tomber facebook avant de mourir pour ne pas devenir un profil asséché. Ne reste que la vieille vielle et la beauté d’un désespoir qui prend le temps de se vivre.

Longueur du dimanche avant l’anniversaire, mal à la tête, il fait beau. Schubert dans la voix d’un ténor, est-ce que cela estompe cette langueur ? À peine. Quels souvenirs invoquer ? Rien ne vient. La neige fond. Sur Facebook, mon oncle demande à son frère s’il essaie de changer l’eau en vin. Laisser à nouveau tomber ? La vieille vielle veille à ce que le temps prenne son temps.

Der Leiermann, le joueur de vielle, revenir toujours à la voix de baryton de Dietrich Fischer-Diskau et au piano de Gerald Moore.