11 décembre 2014
Jusqu’où la laisser pousser ? L’hiver engage à se couvrir, à se réchauffer la peau, à se faire velu. Mais les velus sont-ils voulus ? La barbe barbe-t-elle ? Barbotte-t-elle ? Barbotine-t-elle ?
Souvenir de Gilbert Hayoz, un barbu de jadis, prof de bricolage. Quel beau mot que bricolage! Faire des bricoles avec sa barbe barbouillée de barbotine… Aujourd'hui, on dit ACM. L'ACT, c'est Filou et Tricotine.
Lire des auteurs barbus, Gaston Bachelard, vieux sage sans grimace qui cherche l’essentiel dans l’eau, dans l’air, dans le feu, dans la terre, dans l’expérience inconsciente des mots. Sigmund Freud, encore un barbu, un barbu ravagé de barbus plus bas, un obsédé lunatique qui se pose à la fois en génie et en margoulin.
Encore un mot merveilleux que margoulin. « Le petit mot magique », disait madame McCullough, la prof d’anglais du temps de Barbotine. C’était « yet », je crois. Je ne sais plus.
Mais ma barbe pousse. Elle gratte. Elle pique. J’aimerais la laisser jusqu’à Noël, jusqu’au jour de l’an peut-être, jusqu’à ce que j’en aie marre, demain peut-être, ou jamais. Un cadavre barbu pourrit-il moins vite que son compère glabre ? Il faudrait que je me tue, juste pour voir, plus becqueté d’oiseaux que dé à coudre, si ma carcasse garde un air de sagesse après que ma tête se sera à jamais déboussolée. Mais pour l'instant, il faut attendre en me laissant pousser la barbe et vivre encore un peu pour un jour faire bonne façon dans mon cercueil.
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A propos
Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.
Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.
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