J’ai failli faire la sieste pendant une année mais me voilà encore à écrire, encore à chercher des mots (souvent l’ordinateur voudrait que j’écrive des morts). C’est le moment en effet où l’on repense aux morts de l’année mais à part Johnny, tout le monde est encore en vie, du moins parmi mes proches. Il faudrait donc évoquer les bons souvenirs mais je suis encore trop dans les vapes. Il faudrait pour finir prendre des résolutions, genre dormir sans rêver trop fort, mais les bras de Morphée sont les seuls bras qui m’embrassent sans chichi, parce que 2017 aura été l’année du harcèlement sexuel, mais pas en ce qui me concerne, hélas : j’aurais bien aimé être harcelé. Donc joli bilan, ma chère 2017, des mains au cul et des viols. J’espère que 2018 saura mieux se tenir, mais il est un peu tôt pour se dire bonne année, avant, il faut ranger la cuisine.

Trois ans plus tard, j’écris toujours, j’entremêle toujours les mots et les morts. Je de mots. Le livre existe. Il sauve 2020. J’y écris : « Un mot de plus à mots et les voilà morts. Mes doigts se trompent souvent. Ils anticipent. » Une remarque semée il y a trois ans a donc survécu à l’oubli. Les morts de 2020 ? Ils se comptent par millions mais ma famille y a une fois de plus – continuez comme ça, je vous en supplie – échappé. Des noms pour accompagner Johnny ? Me voilà – une année comme 2020 ne pouvait que s’achever ainsi – à surfer sur <link https: www.jesuismort.com jesuismort.com>JeSuisMort.com en quête de chanteuses et de chanteurs disparus. Cinquante noms dont beaucoup me sont inconnus. En citer quelques-uns : Anne Sylvestre, Christophe, Juliette Gréco, Graeme Allwright, Annie Cordy, Zizi Jeanmaire, JJ Lionel (la Danse des canards, toute notre enfance), Rika Zaraï et j’en passe, 2020 fut une année assassine. Les bons souvenirs ? L'idée de faire la sieste pendant une année n'était pas si mauvaise. Résolutions ? Cesser de me ronger les ongles. Harcèlement sexuel : nécessité des gestes barrière même après la pandémie. La cuisine ? On ira à la déchetterie l’année prochaine, mais avant, buvons un verre.

Il faut que je m'en aille, une chanson de Graeme Allwright.