La théorie du complot est bandante, surtout quand elle porte sur le football. Exploit de l’équipe de Suisse hier soir : 3-2 contre la Slovénie, alors qu’à un quart d’heure de la fin, c’était encore 0-2. Merci Sepp Blatter. Et l’arbitre. Et l’équipe adverse. Combien d’argent versé ? D’autres fois, la théorie du complot est à vomir. Un enfant meurt sur une plage. Il émeut la planète entière. Il donne corps au drame des migrants. Il réveille l’esprit de solidarité assassiné par la société néolibérale. Des cons cherchent la petite bête. Ils se posent des questions à la con. C’est normal : ils sont cons. Pourquoi a-t-on enterré cet enfant dans le pays qu’il fuyait ? Peut-être parce que c’est son pays et que c’est un pays où il est plus facile d’être mort que vivant. Qu’est-ce qu’il aurait fallu faire ? Le laisser pourrir sur la plage ? Dans L’appel du crapaud, Günter Grass montre l’importance de la terre natale comme sépulture, comme retour à sa source, comme revanche contre l’exil. Exil : voilà un beau mot. Préférons donc exilés à migrants, ça fait moins hirondelles. Quoique. Pourquoi ne pas les appeler des hirondelles ? Si les migrants avaient des ailes, leur exil serait plus simple. Sauf qu’une fois arrivés à destination, ils se cogneraient toujours aux chasseurs d’étrangers, aux imbéciles malheureux qui sont nés quelque part, aux hommes d’équipage et à leurs brûle-gueules. Les voilà, eux qui voulaient s’envoler loin d’une terre qui ne veut pas d’eux, exilés sur le sol au milieu des huées. Les exilés sont des poètes. Ils refusent la réalité crue. Ils mijotent un monde plus solidaire. Les cons qui se déchaînent dans la poubelle facebook crachent dans la soupe. Ils cherchent tous les prétextes pour se défiler, pour ne pas admettre l’humanité des misérables, pour ne pas voir leur malheur qui saute aux yeux, pour s’enfermer dans des certitudes vides et dans une méchanceté crasse. L’envie de vomir est aujourd’hui plus forte que jamais.
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