Alexandre Soljénitsyne, L’archipel du goulag, version abrégée

• 07.05.2017

La réalité, racontée en détails dans ce livre, est terrible. On y passe de l’arrestation, sans raison, en catimini, au milieu de la nuit, à la prison où l’on s’entasse en attendant un jugement qui ne viendra jamais ; puis on voit, dans des wagons qui en rappellent d’autres, la déportation de millions d’ennemis du peuple qui ignoreront à jamais pourquoi on les étiquette ainsi. Le vocabulaire, toujours, rappelle d’autres camps, mais le goulag, c’est avant Auschwitz et c’est après Auschwitz, et cela concerne plus de gens encore.

Soljénitsyne mêle son témoignage personnel à mille récits rapportés, il décrit Solovski, la première île de l’archipel, la violence, le travail, la faim, la mort. Il montre le cancer qui s’étend à l’ensemble d’un Etat qui assassine son peuple. Il s’indigne et s’enthousiasme à tour de rôle, face à la cruauté des gardiens, des mouchards et des truands qui sont mieux traités que les innocents « politiques » et face aux tentatives rocambolesques d’évasions presque toujours loupées et aux rébellions qui laissent croire l’espace d’un jour, d’une semaine, d’un mois au maximum, que la liberté est un mot qui a encore un sens. Il montre le quotidien des zeks, ces indigènes de l’archipel qui crèvent en tentant de sauver leur dignité. Il rappelle leurs noms, leurs histoires individuelles, leurs rêves et leurs cauchemars. Il dit ce qui devait être tu.

L’archipel du goulag doit être lu par tous ceux qui veulent comprendre ce qu’a vraiment été le communisme, à quel point la révolution du peuple est devenue une révolution contre le peuple, à quel point l’idéal est devenu, en forçant la réalité, sordide et inhumain.