Blog suisse de littérature

Burgrave (n.m.)

  • Vincent Francey

On a d’emblée plus de respect pour un burgrave que pour un maire, trop efféminé, ou que pour un syndic, trop revendicatif.

Le burgrave, comme son nom l’indique, est un homme grave. Il fume la pipe, se lisse les moustaches et règne sans rival sur le bourg que son supérieur lui a assigné. C’est un noble, le burgrave, il le sait et ses subordonnés le savent aussi. Ils lui doivent respect ou du moins le lui font croire.

Le burgrave avec l’âge prend du poids et perd en sévérité. C’est pourquoi ses villageois font tout pour le garder, parce que le fils du burgrave n’est pas encore assez grave, ne fume encore que des cigarettes et n’a pas encore choisi au bourg la bourgeoise et qu’il engrossera et qui l'engraissera. Les jeunes filles de bonne famille lui tournent un peu autour, le trouvent décidément trop nigaud, puis apprennent que l’héritage est conséquent et tombent en pamoison.

Le burgrave observe ces simagrées puis choisit à la place du fiston. « Tout est affaire de gratin dauphinois », affirme-t-il, suffisant et replet, l’esprit alourdi d’avoir porté tant d’âmes rustiques sur son large dos.  


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A propos

Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.

Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.