Constable (John)

• 16.06.2018

Je ne connais de John Constable (depuis environ une minute, en tout petit, au coin en bas de la page 550 du Petit Robert des noms propres) que cette Cathédrale de Salisbury protégée par un dais d’arbres, et que sa flèche sous cloche, dessinée par un après-midi anglais nuageux (joli pléonasme) où le peintre s’ennuyait.

Moi aussi, en essayant de détailler cette vignette, je m’ennuie. Il faudrait bien sûr juger sur pièce, déambuler dans des musées, comme John Constable (peut-on imaginer un nom plus britannique que celui-là ?) déambulait – du moins est-ce ce que je m’imagine – dans la campagne londonienne ; mais je fréquente peu les musées, parce que je m’y ennuie. Pourquoi ? Sans doute devrais-je me forcer à errer dans les couloirs du Victoria and Albert Museum pour y saisir ce que cette impression – il y a, semble-t-il, de l’impressionnisme avant la lettre chez Constable – fait naître en moi, une impression de vide, comme si peindre une cathédrale, alors que j’en ai une vraie sous les yeux, n’avait pas le moindre intérêt. A quoi bon peindre la nature quand on peut la voir, l’entendre, la photographier, la filmer ? John Constable aurait su me répondre, lui qui vivait avant le temps des voleurs mécaniques de réalité. Ses peintures ne le peuvent plus.