Blog suisse de littérature

Fagot (n.m.)

  • Vincent Francey

Fagot est devenu un mot de derrière les fagots, une rareté qu’on cache aux abrutis pour mieux en profiter entre gens de bonne compagnie, en sirotant une bouteille de bérudge dont vous me direz des nouvelles. La bérudge ? C’est une spécialité locale qu’on refuse de vendre aux touristes du langage qui souillent les mots les plus rustiques de leurs anglicismes assassins. Mais revenons au fagot : le fagot tient chaud au cœur, il brûle à petit feu, gentiment, sans pétrole et sans stress. On est allé le chercher au bûcher, on en a fait des buchettes à coups de yondzette et on a tressé pour le transporter une jolie corbeille en osier. Les soirs d’hiver, le fagot meurt, il se sacrifie pour nous révéler les secrets cachés derrière lui par nos ancêtres : un fromage bleu qui pue le plaisir de nous couler dans le gosier et un vin jaune sans étiquette qu’on déguste en racontant des witz eux aussi de derrière les fagots, car la vraie vie, celle qui compte – je veux dire celle qui conte – c’est toujours derrière les fagots qu’on la trouve, avec un cretchu de bérudge à s’envoyer derrière la cravate.

Fagot, un mot de derrière les fagots.


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A propos

Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.

Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.