Guy de Maupassant, Une Vie
Celle de Jeanne, qui va de déceptions en désillusions, aurait pu donner lieu à une tragédie ou à un drame sentimental. Maupassant, tout en obligeant le lecteur à se laisser caresser par la sensibilité touchante de Jeanne, se garde bien de forcer le trait. Elle s’en charge assez elle-même, Jeanne la malchanceuse qui voit son mariage foirer et son fils adoré l’abandonner, qui prend de plein fouet toutes les bassesses de la vie, qui se console dans des amours qui la minent, Jeanne qui si souvent se trouve au bord de la folie.
On assiste au temps qui passe, aux êtres aimés qui disparaissent : une mère mélancolique, un père généreux, la tante Lison, chef-d’œuvre de personnage secondaire, presque transparente, écho assourdi(ssant) de la vie ratée de Jeanne. On voit la sombre Normandie donner à une escapade trop rapide en Corse une lumière aveuglante. On voit une vie, juste une vie qui tire derrière elle tous ses malheurs ordinaires et tous ses bonheurs éphémères, une simple vie, une vie qui nous fait penser à la nôtre, de vie, à ce qui nous échappe pour toujours, un paysage qu’on ne verra plus, un noyer qu’on abat, une grand-maman qu’on enterre, nos vingt ans qui regrettent de ne pas avoir été plus fous.
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A propos
Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.
Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.
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