Blog suisse de littérature

Inquisition (n.f.)

Ce fut la révolte des Moldus. Le temps des sorcières et du feu au cul. Ce fut le temps de la grande chasse : chasse à l’homme, chasse à la femme, chasse gardée de notre Sainte Mère l’Eglise. En ce temps-là, gens de peu de foi, vous trembliez à son seul nom : Inquisition. Sainte Inquisition. Il suffisait de le prononcer, ce nom, et vous redeveniez, gens de peu de couilles, gentils comme des agneaux le Samedi Saint sous le couteau du Grand Boucher. Inquisition : vous pissiez dans vos frocs de défroqués, bande d’hérétiques ! Inquisition : vous preniez vos jambes impies à votre cou coupable, bande de mécréants ! Inquisition : vous étiez soudain les plus purs des paroissiens, toujours à messe, toujours à confesse, toujours à dénoncer le voisin ! Inquisition : vous aimiez ça, avouez, Tartuffes ! Inquisition : avouez, sorciers ! Inquisition : sous la torture, vous aimiez avouer, avouez, sorciers ! Inquisition : baiser la queue du chat les soirs de sabbat, ça vous faisait bander, avouez, sorciers ! Inquisition : avouez, sorciers ! Inquisition : et les cornes et la fourche et la queue – encore la queue, toujours la queue, vous ne pensiez qu’à la queue, traînées des comètes vaudoises, albigeoises dépenaillées, ordures youpines – et la tête – alouette – et les sabots de Belzébuth les soirs de sabbat, ça vous chatouillait les organes, bande de nécromanciennes ? Inquisition : avouez, sorcières ! Inquisition : et la chèvre qui vous lèche le pied et la plume sous l'autre pied et la question sans réponse et le pal – la pile à pâlir – et la poire d’angoisse et le fer brûlant pour vous estampiller, sorcières, et la roue, roués, et le bûcher, sorcières, vous ne demandiez que ça, avouez, bande de succubes à Satan ! Inquisition : avouez, sorciers ! Inquisition : à vous huer, sorciers ! Inquisition : y a-t-il encore des catholiques à la conscience immaculée ? Inquisition : avouez votre infamie, Vos Saintetés Messieurs les Torquemada, Vos Saintetés Messieurs les Bernard Gui, Vos Saintetés Messieurs les Conrad de Marbourg, Vos Saintetés Messieurs, Messieurs, Messieurs. Jamais l'Inquisition ne fut une femme.


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A propos

Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.

Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.