L’homme se souvient. La porte est refermée. Le voilà seul. Ils ne peuvent plus rien pour lui, ils l’ont dit, c’est à toi de jouer maintenant, ne nous déçois pas. Jouer d’accord, mais à quel jeu ? La porte est en bois massif. De l’autre côté, ils doivent encore parler, ils doivent se demander s’ils ont fait le bon choix en l’envoyant lui et pas un autre, ils doivent penser comme lui, que ça passe ou ça casse, on verra bien. Pour lui, il n’y a plus qu’à. La porte. Pourquoi s’acharne-t-il à regarder cette porte ? Bois massif, poignée ordinaire, fermée. Attendre qu’elle s’ouvre à nouveau ? Ils en ont encore pour des heures, il y a sans doute d’autres affaires à traiter, des affaires autrement plus importantes que la sienne, des affaires sérieuses. Il est seul de ce côté de la porte. Lui seul est capable de leur donner satisfaction, lui seul trouvera – mais ce sera dur – la force d’accomplir cette mission jusqu’au bout. Lui seul peut faire cela, il le sait, il le sent, même si faire cela ne veut rien dire. Ni lui ni eux ne savent de quoi il en retourne. Il regarde ce qu’il a dans ses mains : une carte, un lieu, une phrase. La porte est fermée mais d’autres portes restent à ouvrir, très loin. Combien ? Il faut partir au plus vite, sinon c’est foutu, mais il reste bloqué derrière – ou devant ? – cette porte de bois massif, cette porte quelconque qu’il ne reverra pas, parce que s’il va là-bas, ce qui est certain, c’est qu’il ne reviendra pas, même eux il ne les reverra pas, même eux dès demain ils ne compteront plus. Il sera seul. Il l’est déjà.
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