Les fiançailles

Le temps de lire, je suis prophète. Le temps de lire, j’ai cherché la fiancée perdue, celle qu’on prénommera Lou et qui sera poésie. Poésie ou prophétie, ce furent les mêmes ondes, ce furent les vitesses des villes et les lenteurs des dimanches, ce furent ces soleils arrachés et ces ombres solides, poésie ou prophétie, je me sentais décoller, la chaise où j’étais assis, c’était tapis volant, je sentais que j’étais le poète, que j’étais le prophète, que j’étais le dieu et je lisais sans songer qu’aux roses d’électricité l’artisan est secoué, je lisais dans l’ardeur des tavernes et dans la candeurs des anges, je lisais et j’étais la bête et j’étais la mort et j’étais le prêtre et je lisais encore, je savais que ce serait moi le fiancé, la fiancée, moi la lune qui cuit comme un œuf sur le plat, mon crâne où pousserait soudain la chevelure de l’Aimée, moi qui serais le monstre et moi qui serais la Vierge, moi le Templier, moi la dame qui s’éloigne en chantant, le temps de lire est un temps sans temps, le temps de lire, c’est le temps en quarantaine.