A l’heure où le latin devient une langue deux fois morte (sa deuxième mort étant un assassinat dont les coupables courent toujours), il est plus que vital, au moins deux fois, de néolatiniser nos mots de tous les jours ployant sous le joug (du latin jugum, i, n., qui signifie aussi,cela ne s’invente pas, les liens du mariage ; merci au passage au bienheureux Félix Gaffiot ressorti du fin fond des ruines de ma bibliothèque et merci bien évidemment à madame Braillard) de l’assaut américano-comptable qui est en train de vaincre (du latin vinco, vici, victum dont je suis le participe présent) les derniers vestiges de la brillante civilisation qui a vu naître Pline l’Ancien, Caton l’Africain et le roi de la version latine, notre cher Tite-Live qui nous fit suer des tonnes (seuls quelques rares néolatinistes pigeront ce jeu de mot dont nous ne sommes pas fier, en latin non superbus) en nous racontant comment les oies du Capitole sauvèrent Rome du sac des Gaulois en 364 ab Urbe condita si mes calculs sont exacts, à moins que cela soit 363 mais peut-être devrions-nous nous remettre à consulter les augures et les aruspices afin de mettre cette affaire au clair et les dieux de notre côté face aux multiples Hannibal qui nous envahissent sans même avoir la délicatesse d’emmener avec eux des éléphants par ailleurs eux aussi en voie de disparition, ce qui n'est pas le cas de toute évidence des virus (si nous savions encore le latin, nous les appellerions des viri) qui nous confinent. Bientôt, les devins liront dans nos entrailles des malédictions dans une langue trois fois morte qu’ils chercheront en vain à déchiffrer. Nous tiendrons ce jour-là notre vengeance. Veni, vidi, Vincent.
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