Eau tu t’infiltres aux montagnes, eau venue embrumer l’air pur de ma verte Gruyère presque broyarde. Les pêcheurs à l’abri regardent les feuilles tomber des arbres. Ils les ramassent à la pelle – ils sifflent une chanson d’automne – ou ils les regardent flotter sur l’eau du lac. Des poissons ? Vous n’y pensez pas, c’est la Gruyère ici, les Préalpes, nous sommes des armaillis, pas des marins d’eau douce. Déjà que nous avons toléré l’inondation, vous voulez quand même pas qu’on joue les nageurs et les pagayeurs ? Non, nous sommes des Gruériens, et un Gruérien, ça reste les pieds sur terre et ça veille sur le Moléson des fois qu’il lui viendrait l’idée de faire un petit plongeon dans ce qu’ils ont le toupet de nommer le lac de la Gruyère.