La santé, encore la santé, surtout la santé, tout tourne autour de la santé, parce qu’elle coûte cher et qu’il faut économiser, voyez-vous, alors, votre santé, monsieur-dame, c’est votre responsabilité, vous devez courir, sauter, mesurer votre rythme cardiaque et la température de votre vésicule biliaire, compter vos pas et vos hochements de tête, calculer en dormant la pulsation de vos ronflements, ne pas boire d’alcool, ne pas manger gras, sucré, salé, acide, amer, goûtu, succulent, fameux et gouleyant, ne pas faire d’excès de zèle en matière sexuelle mais ne pas non plus négliger votre libido qui ne demande qu’à s’épanouir en compagnie de nos hôtesses dûment certifiées bio, halal et véganes, ne pas vous asseoir trop longtemps, ni vous tenir debout, ni vous pencher à la balustrade, ni vous agenouiller sinon devant vos assureurs. Tenez-vous droit, que diable ! Faites du vélo électrique, de la trottinette à freins torpédo, du pédalo à hélice, du deltaplane à manivelle, bougez-vous le fion ! C’est pas bien compliqué, la santé, il suffit de ne rien faire et ça marche, mais attention, quand je dis, ne rien faire, ce n’est pas ne rien faire du tout, c’est juste ne rien faire de nuisible : arrêtez de respirer, vous voyez bien que l’air est bourré de particules fines ; ne vous lavez pas, vous vous empoisonnez de perturbateurs endocriniens ; grattez la croute noire du cervelas, c’est cancérigène ; bouffez de l’iode en cas d’incident nucléaire ; tartinez-vous de crème solaire pour lutter contre le réchauffement climatique ; mais surtout laissez-nous vous vendre nos pilules anti-toux et anti-tout ; bossez comme des esclaves, on vous gavera d’antidépresseurs ; allez-y, hop, au boulot ! Le travail, c’est la santé ! Bref, le mot santé n’est supportable qu’un verre à la main : santé et à samedi prochain ! Qui se souvient de Louis et Gustave ?