Blog suisse de littérature

Tuer (v.tr.)

Ce mot ne devrait pas exister. Il faut tuer tuer.

Je me revois sur la place de l’hôtel de ville de Frauenfeld, un matin de juillet 2001. Nous étions plusieurs centaines, à la queue-leu-leu, en costumes verdâtres. Nous devions baragouiner le truc qu’on nous avait appris à baragouiner, gesticuler comme des pantins tristes et recevoir de ce fait l’honneur insigne de porter un flingue. On nous donnait le droit de tuer.

Les autres, les bourbines, les gamins qu’on avait amenés là entassés dans des camions comme du bétail, rigolaient. Ils avait reçu un nouveau jouet.

Je ne voyais que le droit de tuer, que la possibilité que ce truc en ferraille qu’on me refilait en grandes pompes me donnait d’ôter la vie à un autre être humain.

J’ai voulu dire non puis j’ai fait comme les autres, j’ai baragouiné, j'ai pris le machin, je l’ai baptisé Sophie et j’ai été aussi gauche avec lui qu’avec les filles.

Je sais encore plus mal tuer qu’aimer.

Tout n’est pas perdu. 


Post précédent12 décembre 2014 Post suivantWolfgang Amadeus Mozart, Benedictus sit Deus K.117

Commentaires et réponses

×

Nom est requis!

Indiquez un nom valide

Adresse email valide requise!

Indiquez une adresse email valide

Commentaire est requis!

* Ces champs sont requis

Soyez le premier à commenter

A propos

Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.

Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.