15 janvier 2015

Tout l’intérêt de la formule tient dans l’ambiguité du verbe. La formule me convient s’il s’agit du verbe suivre.

Je suis Vincent Francey. Je n’ai pas changé de nom. Je n’ai pas troqué mon identité contre celle d’un journal que je ne lisais pas. Mais je suis Charlie. Soudain, je m’intéresse à Charlie Hebdo. Je m’y suis abonné. Je les suis – comment doit-on les appeler ? les Charlots ? - parce qu’ils ont montré une voie, celle de la liberté, celle de la pensée qui ne se laisse pas impressionner par les dogmes même quand ces dogmes se croient prouvés par le sang, même quand le non-penseur d’en face, certain de son idée parce qu’il n’en a qu’une, force tout le monde à croire comme lui qu’on ne doit pas dessiner tel ou tel individu.

Le Coran dit qu’il ne faut pas dessiner le prophète ? Peut-être bien, mais le Coran, comme n’importe quel texte écrit par des humains, dit beaucoup de conneries, la plus importante étant celle qui consiste à faire croire qu’un livre puisse être une parole divine.

« Dieu est une magouille de l’opposition », chante Sarcloret. Dieu est surtout un prétexte pour cesser de réfléchir. Si c’est Dieu qui le dit, alors le débat est clos. Dieu, par définition, empêche de penser, sauf si Dieu reste muet, sauf s’il reste au-dessus de tout ce cirque, sauf si Dieu est une quête, un truc à inventer, une hypothèse farfelue.

Dieu n’est pas Charlie, mais il suit Charlie, s’il existe.