18 février 2015

• 26.12.2017

Tout va lentement. Je deviens casanier.

Je lis Pas pleurer, prix Goncourt, littérature estampillée par l’élite liseuse. Je me rêve catalan en 36, épris de liberté, encanaillé dans les cafés, hurleur d’insanités telles que justice, égalité, amour.

Je songe à des aventures érotiques, à cette femme intouchable sinon dans le scandale, à ses cheveux courts, à ses seins ronds, à des scénarios convenus, presque convenables dans le scabreux, à du cul télévisuel.

La vie, ici et maintenant, manque d’aventure. On n’a plus d’idéal (la pub dit : « L’idéal, c’est Lidl » ; on a vendu nos rêves à la grande distribution). Alors on se jette sur tout ce qui ressemble peu ou prou à de la vraie vie : une jupe qui passe; mais l’hiver couvre tout de son blanc manteau ; une bouteille qui fait voir les choses de travers, avec la lucidité de celui qui échappe à l’ordinaire banalité que nos yeux paresseux bâtissent ; un carnaval évité où les masques tombent ; le jihad. 

Avec l'âge, on sait qu’on sera déçu par tout ça, par les corps qui ne se fondent pas dans l’étreinte, par l’alcool qui ne supprime pas la réalité, par la fête qui s’alourdit sans cesse de foules imbéciles, par le jihad qui éparpille. Alors, on vit par procuration, dans les bouquins, sur Internet, dans une solitude peuplée de fantômes. On se dit que c’est moins risqué et on crève en sécurité.