19 février 2015

La serveuse évoque les pollens qui remontent de la vieille ville comme de la neige à l’envers. Il faut toujours laisser les serveuses vaquer à leurs rêveries. C’est donnant donnant. Comme ça, on se sent le droit de rêver d’elles. Je ne sais déjà plus les traits de celle-là. Je reviendrai au Belvédère, pour la vue.

Le calme de l’avant-saison apaise l’esprit titillé. On sait bien que rien n’a encore bougé, que samedi peut-être il va neiger, que le brouillard reste collé à la Broye, mais on sait aussi que le rababou a brûlé, qu'on a crié très fort pour chasser l’hiver et que les arbres sont taillés.

Sur le bord des routes, des peupliers ont été à moitié assassinés. Il ne reste d’eux que des restes. Il est urgent qu’ils repoussent. Exigeons le printemps dès maintenant et pas plus tard que tout de suite. Un mois d’avance ? Tant mieux. Vive le réchauffement climatique ! L’endormissement a assez duré. On veut des paix d’Espagne à la place des guerres d’Ukraine. On veut le dévoilement immédiat des femmes en burka, la minijupe obligatoire pour les serveuses rêvées, l’abolition des tabous en tout genre et un monde sans religion et sans dette. La Grèce a tout payé en philosophie, qu'on la laisse vaquer à ses rêveries.

Dieu est en vacances. Quand le chat est parti, les souris dansent. A nous les petits ratons ! « Dans le corridor, les vitres tremblaient, quand à grand renfort, la troupe arrivait… » Sans fusils ni missels, réenfantons un monde innocent, un été 36 de roman, une heure et demie de baisers langoureux dans des cinémas muets, une bénichon avant l’heure, pour hurler que c’est la vie qui l’emporte. Autant en emporte l’envie !