Blog suisse de littérature

1er novembre 2014

Ecrire avec un gros mal de tête et sans aspirine, après avoir lu Modiano et Ramuz.

J’ai écrit tout à l’heure quelques mots sur L’herbe des nuits. Un commentaire internautique évoque Zemmour et Trierweiler. Pourquoi ? J’avais voulu dire quelque chose sur Modiano, mais j’ai été happé, j’ai fait du sous-Modiano, sans Prix Nobel, du sédatif paraît-il.

Comment écrire sur les livres ? Faut-il faire de la critique ? Du j’aime-j’aime pas ? Est-ce que j’ai aimé ce bouquin de Modiano ? Est-ce que moi aussi je lui aurais donné le Nobel ? Je n’en sais rien. Je me suis contenté de tracer quelques lignes pour qu’il ne reste pas rien de ma lecture, et ce faisant, j’ai fait ce que fait Modiano, j’ai bricolé les traces d’une expérience qui m’échappe et j’ai noté des noms propres et des bribes de réflexions sur le temps qui passe. Il aurait sans doute fallu attendre que le livre soit digéré, prendre du recul, éviter de n’en écrire que la suite ou la condensation.

Modiano, c’est un style, une musique banale et bizarre, des mots qui reviennent, des personnages qui ont toujours le même manque d’épaisseur, des souvenirs vides, une obsession.

Puis je suis passé à Ramuz, son premier livre, Aline. J’en suis encore aux amours adolescentes, à la bonne amie (me voici soudain nostaliquement nunuche de penser que l’on ne dit plus « bonne amie » ou « fréquenter ») qui se laisse faire sans y comprendre rien, sauf que c’est de l’amour et que ça fait du bien. On sait que ça va mal tourner, qu’il y aura des larmes et des grincements de dents, que Roméo et Juliette ne peuvent pas s’aimer au grand jour, que la mort rôde, bref qu’après les illusions vient la f(r)acture, que la vie, c’est souffrir plus que jouir.

Un homme lutte contre un cancer. Un autre est enfermé dans un hôpital, en quarantaine, seul. D’autres encore voient le virus les assaillir, l’affreux Ebola qui ne nous concerne que quand il sort d’Afrique. Que des Africains (il aurait été plus sincère d’écrire des « nègres ») meurent au Liberia et que le Burkina Fasso soit à feu et à sang, on s’en fout, mais qu’un noir éternue chez nous et c’est la panique. On aurait tellement aimé que l’Afrique meurt toute seule, en quarantaine elle aussi, mais si elle meurt, on meurt avec, nous qui l’avons entraînée dans toutes nos barbaries. Juste de retour de balancier.

En sortant de ma voiture, je croise quelques noirs. Je me dis que peut-être… Racisme ordinaire. On ne se refait pas. Le racisme est dans nos géhennes. Il y a peut-être en effet des bribes de Zemmour en moi. 


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A propos

Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.

Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.